Rineke Dijkstra
Park Portraits
« Dijkstra a laissé de coté l’austérité de ses anciennes photographies et a photographié quatre jeunes à Amsterdam pendant un « Petit déjeuner sur l’herbe, année 2005 », commenta Kees Keijer dans le quotidien néerlandais Het Parool au moment de l’exposition au Stedelijk Museum. « A nouveau, la composition est frontale, mais la pose est maintenant détendue. L’environment dans les œuvres de Dijkstra était habituellement extrêmement sobre, maintenant, des papiers de bonbons et des bouteilles vides sont étalés par terre. Un sac à dos ouvert offre une perspective presque symbolique sur une autre réalité : celle des devoirs, des responsabilités et des attentes à venir. Mais ils ne veulent pas y penser maintenant. »
La force de l’œuvre de Rineke Dijkstra a été de capturer à travers plusieurs ensembles de travaux ce qui est à la fois personnel et universel dans ses sujets au moment des rites de passage de l’enfance à l’adolescence, des Beach Portraits de 1992, aux installations video Buzzclub/Mysterworld (1996-1997), Tiergarten Series (1998-2000), Israeli soldiers (1999-2000) et les séries à sujet unique Almerisa (1994-2005), Shany (2001-2003) et Olivier (2000-2003). « Devant nos yeux, et de façon naturelle, nous voyons des sujets se construire – se dévoilant dans le procédé même de construction de soi. » (Therese St. Gelais, Parachute).
Dans ce nouvel ensemble d’oeuvres “l’atmosphère… est plus théâtrale que dans les portraits des années 1990. Le meilleur exemple en est le portrait de la petite fille espagnole sur une trottinette de couleur rose bonbon, une image prise par Dijkstra dans un parc de Barcelone. L’atmosphère quasi-féerique (qui inclue des branches en fleur et un étang romantique avec des bateaux) transforme cette petite fille sérieuse en une Alice au pays des merveilles. » (Paola van der Velde dans De Telegraaf ).
Au sujet des photographies du Vondelpark, Jason Oddy écrit dans Modern Painters« Au lieu d’employer les fonds dénudés de ses oeuvres plus anciennes, elle positionne ici ses sujets dans un décor quasi édénique, les rayons du soleil passant au travers des arbres et se reflétant sur un lac. Cette démarche se tourne à la fois vers la tradition du paysage en peinture et donne aussi un contexte et un cadre aux modèles. Dans l’image la plus forte, un couple d’adolescents est assis à l’ombre d’un arbre, lui légèrement en retrais, elle, regardant droit devant elle, l’intensité de son regard forçant le spectateur à détourner le sien. Dans cette représentation sereine et contemplative de l’ardeur de la jeunesse, Dijkstra arrive à diluer leur ferveur cachée. « Je pense que dans une bonne photographie il y a une sorte de calme et d’harmonie dit-elle. Comme s’ils étaient assis là depuis toujours » (RD) Et alors qu’elle parle, je comprends que c’est précisément son calme qui, par moment, permet aux jeunes qu’elle photographie de sortir du tourment de leur quotidien et d’entrer dans l’éternité. »
critique
Park Portraits