Rosson Crow
Paris, Texas
La Galerie Nathalie Obadia présente la seconde exposition de Rosson Crow en France après celle de 2005, «With Love, from Texas», qui a permis de découvrir cette très jeune artiste née à Dallas, Texas, en 1982.
Nathalie Obadia a découvert le travail de Rosson Crow à Yale où elle passait son diplôme – à l’âge de 23 ans. Elle explique avoir ressenti le même choc devant les peintures de Rosson Crow que devant les premières oeuvres de Fiona Rae en 1990, l’artiste étant alors âgée de 27 ans et tout juste sortie du Goldsmiths College de Londres. On retrouve la même puissance formelle, le même talent à utiliser les couleurs. Les tableaux sont des feux d’artifice extrêmement sophistiqués d’où émane un souffle créatif unique.
Rosson Crow maîtrise parfaitement l’histoire de la peinture, elle a eu comme professeur Peter Halley et se passionne pour l’histoire européenne et surtout française du XVIIe et XVIIIe siècle. Lors de son séjour en France en 2006, elle a visité de nombreux lieux historiques comme Versailles, Fontainebleau, les châteaux de la Loire, mais elle s’est aussi imprégnée des ambiances de l’Hôtel Ritz, des salles du Louvre… Elle a emporté avec elle à Los Angeles, où elle s’est installée depuis 2007, des ouvrages sur le mobilier XVIIIe, les jardins de Le Nôtre, les intérieurs classiques…
Mais Rosson Crow s’affirme comme une jeune américaine, et plus particulièrement comme Texane, d’un état très fier de sa particularité historique au sein des USA. L’artiste explique qu’elle aime peindre de grands espaces opulents, des lieux de pouvoir, où la masculinité se déploie. Les derricks de pétrole, les armuriers, les rodéos, les bars-saloon, les intérieurs «nouveaux riches», les couleurs criardes des néons… sont autant de signes «affirmatifs» d’une culture revendiquée et traitée comme un grand peintre sait faire: transcender le sujet, le quotidien, la culture populaire issue d’Hollywood, de la musique pop et rock… pour donner place à des tableaux complexes où se mêlent le vieux et le nouveau monde.
C’est avec un grand talent que Rosson Crow parle de mondialisation de la culture et des complexes de chacune d’entre elles. Versailles se contemporanéise avec Koons dans Jeff Koons at Versailles et le bar américain revendique un décor classique dans Haves and Have-nots (Ciccones). Dans Salon de Réception avec Bud Light, où les drapeaux américains se disputent la place avec Tom Wesselmann et un mobilier Empire, on comprend que les enjeux culturels et de mondialisation à travers la culture sont tout aussi dominants que les enjeux territoriaux.
Les couleurs vives, les coulures, les images floues montrent bien que l’on est loin d’une harmonie classique et d’une hégémonie de modèle. Les chocs culturels sont très présents et dissonants. Les artistes pop, Andy Warhol, Roy Lichtenstein, comme Jeff Koons vingt ans plus tard, étaient plutôt dans une vision impérialiste de l’art américain. Rosson Crow entrée dans le 3e millénaire donne une image plus multiculturelle de l’Amérique et de l’Occident. En ce sens, sa peinture est très contemporaine au delà de la facture classique d’une grande artiste.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Muriel Berthou Crestey sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Paris, Texas