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Parcours #2. 2007/2008. MAC/VAL, musée d’art contemporain du Val-de-Marne

Les éditions MAC/VAL présentent le nouvel accrochage des œuvres de la collection permanente du musée d’art contemporain du Val-de-Marne, à Vitry-sur-Seine. Sur le thème de la figure humaine, les axes de réflexion abordés sont notamment «La parole au corps», «Être là, être ailleurs», ou encore «Le corps en creux».

Information

Présentation
Alexia Fabre, Christian Favier
Parcours #2. 2007/2008. MAC/VAL, musée d’art contemporain du Val-de-Marne

Être présent au monde

Un an après son ouverture, le musée propose aujourd’hui d’envisager un autre pan de la collection, offre un autre regard sur la scène artistique en France, mais aussi une autre façon de vivre le bâtiment et d’y rencontrer les œuvres. Il s’agit de prolonger le premier accrochage en situant toujours le visiteur au cœur des ceuvres et de leur apparition. Mais c’est maintenant un face à face qui s’établit ; pour se retrouver face à soi, et face aux autres, avec des œuvres qui traitent du corps, de sa présence au monde, de sa représentation, du regard donc.

Implanté dans le Val-de-Marne, le musée résonne avec ce territoire de banlieue, composé de villes en devenir, de populations en mouvement qui reflètent leurs origines et cultures diverses. Les artistes racontent et tissent notre culture commune, c’est à travers eux que nous pouvons nous retrouver. La présence au monde qu’ils mettent en œuvre peut être en résonance étroite avec lui, descriptive, documentaire ou critique. Elle peut aussi être métaphorique, poétique et distanciée. L’artiste peut éclairer sans montrer, révéler sans dire.

Nous poursuivons aujourd’hui cette relation étroite entre la vie et la création en conviant des œuvres d’artistes qui composent la scène française depuis cinquante ans. Certains des acteurs de cette histoire sont maintenant disparus. Ils en restent pour autant une partie essentielle et la marquent, comme le fait la présence de Gina Pane, au fer rouge. Cette partition se compose d’ensembles d’artistes, de réunions de leurs œuvres au fil de leurs points de rencontre.

Entre hier et aujourd’hui, entre un passé proche et un présent en devenir, la collection se déploie dans ce nouvel accrochage où les œuvres, de toutes formes, sont rassemblées autour d’une histoire commune pour évoquer la question de la présence au monde : la présence de l’artiste, par son regard en premier lieu, en creux donc. La présence de chacun aussi à travers la représentation de l’être, du corps : la figure. La figure rassemble et sépare en même temps : longtemps sujet exclusif, elle se perd dans une histoire de l’art qui l’abandonne pour mieux la retrouver.

Elle cristallise les attitudes artistiques, repousse puis attire à elle les avant-gardes. Elle anime donc notre histoire récente et ponctue les œuvres de sa présence, figurée ou en creux. Elle parle de soi, de l’autre, et renvoie une image, un reflet parfois.

Ce nouvel accrochage est une proposition de regard, un point de vue. Encore une fois, il y en a mille autres, et c’est à chacun d’approcher les multiples sens d’une œuvre avec les conférenciers du musée, les visites d’autres artistes, les textes des auteurs littéraires ou critiques invités. Car c’est véritablement ce que nous souhaitons donner: un point de vue qui n’est qu’une ouverture, un accompagnement qui permette d’aller plus loin, de se faire son idée, sa propre vision. Pas d’histoire préécrite, pas de vérité non plus. C’est une histoire en devenir que celle de l’art, comme celle d’un musée et de sa relation à l’autre, à inventer.

Le corps, notre enveloppe, la figure et la façon dont nous voulons apparaître, le regard sont les thèmes qui rassemblent les œuvres de la collection, des plus anciennes aux plus récemment acquises. La collection s’est donc enrichie d’œuvres d’artistes essentiels des années 1970 et 1980 à aujourd’hui.

Je remercie chaleureusement et affectueusement Anne Marchand de nous avoir accompagnés dans la découverte de l’œuvre de Gina Pane et d’avoir généreusement permis, par la donation de deux merveilleuses pièces de l’artiste, de prolonger l’ensemble acquis.
Jean-Luc Vilmouth rejoint la collection avec un ensemble d’œuvres récentes qui complète sa représentation dans les autres institutions publiques tout en affichant notre confiance et notre fidélité à sa création. Merci à lui et à Aline Vidal pour la belle donation qui enrichit encore sa présence dans le musée.
Parmi les nouveaux venus figure aussi Esther Shalev-Gerz, qui livre ici son attention et son regard singulier sur l’histoire humaine.
Des artistes plus jeunes, comme Marylène Negro, Pierre Huyghe, Bertrand Lamarche, Bruno Perramant, nous entraînent dans des mondes parallèles, où le réel se teinte de fiction.
Sur le fil ténu de la présence impossible, un ensemble rétrospectif de Philippe Ramette et des œuvres sur papier de Fançoise Pétrovitch parlent de la difficulté d’être au monde.
Enfin, la présence invisible et qui pourtant donne tant à voir de Dominique Petitgand ouvre avec Daniel Buren le parcours sur le corps, par des œuvres sans images.
Des artistes de tous âges dialoguent entre eux et les artistes déjà présents dans la collection reviennent avec de nouvelles Å“uvres: Annette Messager, Errô, Orlan, Valérie Jouve et Valérie Belin, Eugène Dodeigne…

Le parcours propose également, en lien avec la belle collection d’œuvres sur papier de la Ville de Vitry-sur-Seine, un espace consacré à Antonio Segui, merveilleux artiste argentin vivant en France depuis 1959. Son œuvre, nourrie d’histoire politique, met enjeu des personnages récurrents qui se cognent au réel, figurant, au-delà de leur propre histoire, celle du genre humain.

Dans cette jonction du passé, du présent et de l’avenir, le musée a un rôle à jouer dans l’apparition de nouvelles œuvres. Il peut être à l’origine de nouvelles pièces en permettant aux artistes de les produire. Comme nous avions invité Felice Varini et Michel Verjux pour jouer avec l’architecture du musée au moment de son ouverture, nous avons proposé à Cécile Bart de créer une œuvre dans l’espace. Une œuvre qui n’existait pas, qui ne peut exister que là, en intelligence avec le lieu. Rappelons enfin qu’en raison de leur fragilité, les œuvres se succéderont sur les murs dans un renouvellement constant.
Au-delà de leur expression, les artistes se retrouvent dans les salles et livrent des œuvres qui nous ramènent à nous-mêmes, à ce que nous vivons, à ce que nous sommes, en tenant souvent le réel à distance pour mieux le révéler, en le nourrissant de fiction, de possibles en devenir.

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