Communiqué de presse
Gintaras Makarevicius
Parallels
A l’occasion de sa deuxième exposition personnelle à la galerie, l’artiste présentera Winter parallels pour la première fois en France et The Testament of Siberia, un film inédit de 2008.
L’artiste s’intéresse à des êtres soumis, par contrainte ou volontairement, à des conditions de vie extrêmes. Il explique avoir « compris que ce qui l’intéresse le plus ce sont les raisons qui poussent les hommes à accomplir des tâches déplaisantes, psychologiquement difficiles et souvent mal payées ».
Les deux oeuvres présentées à la galerie The testament of Siberia et Winter parallels exposent deux aspects de cette recherche: l’être humain soumis à une vie d’esclavage contre son gré et l’accomplissement d’un travail difficile par choix délibéré.
La vie est la matière même de ses films. Il aborde son entourage personnel mais aussi des inconnus qu’il suit pendant de longues périodes. Sachant se rendre discret, Gintaras Makarevicius capte des situations quotidiennes mais dont le caractère repoussant et la lente temporalité n’intéresse pas d’habitude les caméras.
Sans jugement porté, l’artiste fait place au cours du quotidien de ses personnages. Il élabore une narration sans début ni fin qui fait place à des moments d’introspection, à des cadrages montrant subtilement un geste gratuit, un bonheur fortuit.
Winter parallels met en parallèle, pendant une glaciale journée d’hiver, des vies qui ne se touchent pas et dont le point commun est l’engagement auprès d’êtres en situation de fragilité : un responsable d’un abri d’animaux, une assistante sociale, un professeur d’élèves difficiles, un dépanneur d’autoroute. Tous les jours, ses personnages sont confrontés à la misère, à la saleté, à la mort – par vocation.
Gintaras Makarevicius ne fouille pas dans les profondeurs psychologiques, il révèle plutôt le temps propre à chaque tâche. Celui-ci est lent, comme peut l’être l’évolution des mentalités, l’apprentissage pour un élève en difficulté, mais aussi l’écoulement de la vie de celui qui aide. Pour les uns c’est la lenteur, pour les autres c’est la jeunesse et l’énergie qui s’épuisent, par altruisme.
Dans la perspective de nos pays où le capitalisme fait déjà tradition, les récits de Gintaras Makarevicius réveillent de vieux fantômes suivant les origines et la sensibilité de chaque spectateur. C’est d’ailleurs ce décalage qui enrichit les oeuvres de l’artiste, notamment dans la vidéo The Testament of Siberia.
Cette oeuvre est un collage où discours et image s’opposent. Leur conflit incarne le rapport difficile entre la mémoire, l’expérience et le savoir, ici en rapport avec la guerre passée et les mauvais traitements subis. Tout un chacun y trouvera des échos d’autres guerres, d’autres sévices à travers cette vidéo : des images en super 8 d’une famille soviétique inconnue faisant la fête, datant des années 60, forment un contraste avec la narration d’un passé récent qui pourtant semble déjà loin.
Une voix raconte sa déportation en Sibérie encore enfant, avec sa famille. Des récits aussi ténébreux que lointains, racontés avec un fond d’images d’aisance vieilles de deux décennies par rapport à la déportation, rendent irréel un discours que le narrateur lui-même reconnaît avoir du mal à véhiculer : autant les autorités lituaniennes que les jeunes demeurent sourds à ce genre de récit incommode du passé.
Dans l’oeuvre de Gintaras Makarevicius, les forces du passé et la langueur du présent s’affrontent, autant devant que derrière la caméra.
critique
Parallels