Communiqué de presse
Erwin Olaf
Paradise, Mature et Séparation
La série Paradise d’Olaf, les clowns diaboliques sont déstructurés sur le plan émotionnel. Ils ont également une sexualité débridée. Olaf nous montre des clowns âgés en très gros plan, avec le maquillage qui coule et partiellement enlevé. Cela crée un sentiment de folie perverse et décadente. Ils sont accompagnés de toutes sortes de gens déguisés en Pierrot, en Pinocchio, en homme de fort, en homme tatoué, en femme à barbe et autres monstres de foire.
Dans chaque photo, un clown regarde le spectateur. Parfois, son regard est très vindicatif, comme s‚il nous rendait partiellement responsables du viol brutal qui a lieu sur chaque photo.
Cette série a pour Olaf deux points de départ conceptuels clairement délimités. Elle a été inspirée par l’oeuvre de Rubens intitulée «Le viol de Hippodamia», qui fait partie de la collection du Prado, à Madrid.
Sa deuxième source d’inspiration fut « l’horreur et le décadence de la vie nocturne », sa vision d’un « circuit de fête cauchemardesque » dans le temple de la pop, le Paradiso à Amsterdam, où il a organisé un grand événement avec le cirque comme thème central. Ce happening lui a inspiré la nouvelle série « Paradise2001 ».
Olaf résume sa série « Paradise » de façon suivante : «Un cauchemar dans un infra-monde où les clowns sont les méchants. Tout le monde est responsable, que se soit les gens passifs, violents ou ceux qui rient, et chaque personnage est une caricature. »
Il est d’accord sur le fait qu’il n’est pas question d’excitation dans ces photos. « Le viol est l’utilisation de la pulsion sexuelle de quelqu’un contre la volonté de quelqu’un d’autre. Physiquement et mentalement, c’est ce qu‚il y a de plus méprisable. C’est la forme la plus extrême d’un abus de pouvoir cruel et masculin, et prouve que tout ce qui a une grande valeur est aussi extrêmement fragile. »
Les modèles photographiés par Olaf dans cette série ne nous mettent pas à proprement parler les sens en éveil de par l’intérêt qu’ils suscitent dans une relation d’homme à homme. Il n’en reste pas moins que l’émotion avec un grand E dégagée par ces scènes orchestrées au millimètre près est d’une telle froideur qu’on croirait le monde devenu un champs de glace déserté. La beauté de « Blacks » réside dans le fait que les gens sont frappés de cécité. Le photographe s’est fait Dieu et son courroux s’abat sur eux tel un fléau sur des créatures sans défense. Pourquoi tous sont-ils noirs ? «Parce qu’ils sont mes esclaves , mes moutons noirs», conclut Olaf.
Erwin Olaf creuse le cœur et l’âme de la beauté. Il fustige les attitudes actuelles par rapport à l’érotisme. Dans sa série Mature, il révèle la beauté imparfaite de personnes âgées sexy. « J’ai toujours essayé de terrasser le dragon par le biais de belles gens afin de remettre en perspective l’industrie des modèles photo par trop bornée et surévalués, » dit Olaf. A l’aide de maquillage, de perruques, de vêtements révélateurs et d’un peu de manipulations informatique, je transforme ces femmes âgées en actrices.
Après la série baroque et voyante de Paradis, Erwin Olaf a créé Séparation, qui est jusqu’à maintenaient la série de son travail la plus introvertie. Les personnages sont plaqués de la tête au pied dans un vêtement noir de latex, mais n’importe quelle association avec le sexe est totalement déplacée : l’habillement semble être le symbole de l’isolement glacé des figurants. Un garçon et sa mère sont à l’intérieur d’une maison qui, en dépit de papier peint fleuri, n’offre aucune chaleur. D’un point de vue différent, nous voyons un certain nombre de scènes de la vie de ce garçon, qui vieillit à chaque photographie. Par ailleurs, Erwin Olaf explique à Jonathan Turner au sujet de cette série : «dans les photos de Séparation, vous pouvez toujours voir le regard d’enfants. La mère est aveuglée, je n’ai pas voulu lui donner d’identité. C’est l’enfant, marchant les bras tendus vers sa mère, qui crée l’émotion, le sens de l’isolement et l’idée de la séparation. Les photos sont en rapport avec dire « au revoir » et les souffrances des pertes de la vie. C’est un adieu symbolique, fait après la mort de mon père, et la fin d’un couple de toute une vie. J’ai réalisé et employé cette série comme une sorte de thérapie. Pour moi elle représente l’acceptation des réalités de la vie.
La séparation est également le titre d’un film court qu’Olaf a fait en 2003. Le garçon joue tandis que sa mère est occupée dans la cuisine. La télévision est allumée, le père rentre à la maison, ils passent à table pour un repas, et peu après, les informations télévisuelles mentionnent quelque chose qui attire leur intérêt. Chacun des trois personnages s’assied devant l’écran, le mot «séparation» apparaît sur l’écran et le film recommence encore une fois.