La Filature présente le spectacle Paradis lapsus, une création 2014 du chorégraphe Pierre Rigal. Dans cette première création à destination du jeune public, Pierre Rigal met en scène deux danseurs, un homme et une femme, qui ne parviennent littéralement plus à s’entendre. Leur voix n’est pas la leur et leurs mots trahissent leurs pensées. Lapsus chorégraphiques et verbaux s’enchaînent alors, créant quiproquos et situations abracadabrantes en cascade.
Le chorégraphe Pierre Rigal tend son oreille à ce qui, dans l’échange et le dialogue, dysfonctionne, trébuche, «part en vrille» ou, tout simplement, ne se fait pas entendre. Est-ce si sûr qu’il suffit de parler pour se faire bien comprendre? Le spectacle qu’il met en scène est un mélange de chansons, de danse et de théâtre. Sur une scène où s’enquillent des estrades de bois lisse et doré, deux interprètes sont amoureux. L’amour, voilà quelque chose qui sème la zizanie et trouble la parole. Nos deux héros en perdent l’usage de la langue. Il faut qu’une tierce personne chante à leur place les mots qui leur échappent. Mais quand la voix se fait absente ou trompeuse, il reste le corps qui, lui, n’est jamais muet.
Un «Paradis Lapsus», à en croire Pierre Rigal, c’est le «summum de l’incompréhension» qui, loin d’être désespérant, génère une forme d’euphorie. Le chemin vers cette représentation fantaisiste est à emprunter avec l’allégresse de ceux qui traversent un sas de décompression. Un espace-temps loufoque où leur est octroyée la possibilité d’échapper, enfin, à la toute puissante raison.