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Paradis fabriqués. Art contemporain chinois

Présentation d’une douzaine d’artistes et collectifs chinois encore peu connus et jamais vus en France, sélectionnés par Hou Hanru. Installations, photos, vidéos, etc. venant des quatre coins de Chine, portent un regard aigu sur cette Chine en devenir qui lorgne fortement sur le modèle occidental tout en gardant une part importante de tradition.

— Auteurs : Ou Ning (dir.) : Hou Hanru, Odile Biec, Yin Xiuzhen, Chen Shaoxiong, Zhou Tiehai, Yangjiang Group (Zheng Guogu, Sha Yeya, Chen Zaiyan, Sun Qinglin), Yang Yong, Wang Jianwei, Ou Ning and Cao Fei, Lu Chunsheng, Xu Zhen, Yang Zhenzhong, Kan Xuan, Zhu Jia
— Éditeur : Le Parvis, Ibos
— Année : 2004
— Format : 16 x 19 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 208
— Langues : français, chinois, anglais
— ISBN : 2-905130-76-8
— Prix : 16 €

Introduction
par Odile Biec (extrait, p. 10)

Avec «Paradis Fabriqués» nous avons voulu littéralement ouvrir une fenêtre, ici à Tarbes et à Pau, sur l’art contemporain chinois. Nous voulions, à travers le regard de certains de ses artistes, pouvoir nous approcher de ce géant — plus d’un cinquième de la population mondiale sur presque dix millions de kilomètres carrés ! — qui voit croître ses métropoles de façon exponentielle et connaît une formidable et effrénée mutation économique et culturelle.

Nous voulions aller au-delà des quelques artistes chinois que nous connaissions déjà, révélés pour la plupart par les grandes manifestations internationales de ces dernières années. Il fallait donc un parfait connaisseur du terrain de l’art aujourd’hui en Chine, quelqu’un d’impliqué et dont le travail critique soit solidement ancré dans la réflexion artistique internationale contemporaine. Hou Hanru était le meilleur.

Il a conçu pour le petit mais ambitieux centre d’art du Parvis une exposition avec treize artistes ou collectifs d’artistes, en deux parties (six grandes installations dont quatre projets inédits à Ibos et un programme vidéo faisant alterner formes longues et interludes au Vidéo K.01 à Pau), avec un titre paradoxal: «Paradis Fabriqués». Car habituellement, si on y croit, le Paradis, il n’y en a qu’un. On peut l’avoir perdu ou le mériter, voire le gagner, mais le fabriquer… De plus, il est rarement de ce monde. Quand il y en a plusieurs, c’est de nos propres plaisirs, nos petits bonheurs qu’il s’agit. Ces paradis individuels, auxquels notre société nous pousse à croire, que nous pourrions créer nous-même à certaines conditions et dont nous jouirions ici, de notre vivant. (Malgré tout, au singulier ou au pluriel, le pendant du paradis reste l’enfer…).
C’est bien sûr de désir, de rêve individuel ou collectif, de plaisir que l’on nous entretient dans «Paradis Fabriqués».

Hou Hanru a volontairement regroupé les artistes de façon hétérogène: certains exposent à l’étranger et d’autres sortaient de Chine pour la première fois; ils ne se connaissent pas forcément entre eux car ils viennent de villes et de provinces différentes. Mais, à travers des pratiques très différentes, on est vite frappé par la clairvoyance et le regard critique sur une société et son évolution, communs à toutes les œuvres. En même temps, et sans que cela soit contradictoire, on sent que cette critique s’accompagne chez ces artistes d’une forte implication dans ce que la Chine est en train de devenir. Enfin, parce que le devenir chinois n’hésite pas à puiser fortement dans nos modèles occidentaux, nous nous reconnaissons en grande partie dans les propos des artistes présents dans «Paradis Fabriqués».

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Le Parvis — Tous droits réservés)

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