L’exposition « Par les lueurs – Cent ans de guerres » au FRAC Aquitaine réunit les œuvres de plus de vingt artistes autour de la permanence de la guerre dans l’histoire de l’humanité. Cette exposition constitue le troisième volet du projet « Sans Tambour ni trompette – Cent ans de guerres » qui a été conçu dans le cadre des commémorations de la première guerre mondiale.
Un monde en guerre perpétuelle
A l’occasion de ce centenaire, l’ensemble des œuvres s’intéresse aux cent années qui ont suivi la Grande guerre, cent années durant lesquelles celle que l’on espérait être la « der des der » a été suivie d’innombrables autres conflits, dans un monde en guerre perpétuelle. Au fil du parcours émerge non seulement cette thématique commune mais la notion de lumière, proposée comme un fil rouge pour appréhender ce sujet vaste et complexe.
Peintures, photographies et installations explorent les conflits armés qui se déroulent aux quatre coins du globe par des télescopages géographiques et temporels qui mettent en évidence la persistance guerrière.
Les images comme outil de dénonciation de la collaboration
Les œuvres d’Erwan Venn réactivent des archives familiales : les photographies réalisées par son grand-père entre les années 1920 et 1960. La manipulation de ces clichés n’en conserve que les uniformes et les vêtements vidés des corps qui les portaient. Les images deviennent ainsi un outil de dénonciation d’une histoire familiale marquée par la collaboration. Au-delà d’un passé personnel, c’est la responsabilité collective qui est interrogée.
L’œuvre de Gianni Motti intitulée The Victims of Guantanamo Bay (Memorial) est composée de huit plaques commémoratives dédiées aux 759 prisonniers du camp de Guantanamo Bay à Cuba. Sa forme reprend celle du mémorial pour les victimes des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis mais la liste de noms gravés dans l’acier, par ordre alphabétique, est celle de toutes les personnes qui ont été ou sont encore actuellement détenues sur la base américaine de Guantanamo. Cette démarche subversive vise à rendre leur dignité à des prisonniers souvent anonymes et à provoquer une prise de conscience.
La lumière de l’espoir comme fil rouge
La lumière, réelle ou symbolique, traverse l’expoÂsition. Outil de relecture de l’histoire, elle éclaire sa complexité et ses parts d’ombre. L’installation de Claire Fontaine intitulée Strike, se compose de néons formant le mot « strike » (grève) ; grâce à des détecteurs de mouvement, les néons s’éteignent lorsque l’on s’en approche et ne se rallument que lorsque l’on se tient immobile. Hommage au héros du roman Le Château de Franz Kafka, cette installation évoque par ses lumières clignotantes les systèmes bureaucratiques générateurs de paranoïa que décrit Franz Kafka.
L’installation de David Brognon et Stéphanie Rollin, Nous allons observer une minute de silence, reproduit, par un néon suspendu comme une décoration de Noël, cette phrase transcrite en Pitman Shorthand, un système d’écriture basé sur la transcription phonétique. Imaginée au lendemain des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, l’œuvre reprend l’idée de la prière, inventée par les Anglais à l’occasion de l’armistice de la première guerre mondiale, dans une forme laïcisée et codée qui s’insère dans le quotidien des gens, comme un rappel permanent.