Joseph Beuys, Jean Clareboudt, Jean Degottex, Joël Fischer, Marcia Hafif, Guillaume Leblon, Lee Jin, Gabriel Orozco, Françoise Quardon, Tony Regazzoni, Jean Claude Ruggirello, Reiner Ruthenbeck, Frédéric Sanchez, Ha Schult, Corinne Sentou, Gil joseph Wolman
Papiers
Le plus souvent, dans le domaine de l’art, lorsque l’on évoque le papier, c’est en tant que support, pour le dessin, l’aquarelle, l’estampe, beaucoup plus rarement comme matériau à part entière. Avec l’exposition «Papiers», nous avons voulu présenter un certain nombre de travaux d’artistes qui ont recours au papier comme matériau constitutif d’une oeuvre, en variant au maximum les approches et les générations.
Les oeuvres de papier prennent les formes et révèlent les préoccupations de ces différentes générations.
Ce peut être un matériau léger que l’on récupère, que l’on rapporte de voyage, que l’on peut manipuler sans grande complication, mais ce peut être également, chez certains artistes, la base d’un travail de transformation de longue haleine.
Lacéré, gaufré, découpé, froissé, maculé, imbibé, filigrané, collé, piqué, cousu, enduit, écorché, perforé, transformé par le geste qui le travaille, le papier est une ressource protéiforme qui peur se décliner du volume au son.
Objet de transmission et de partage chez Joseph Beuys, qui l’enduit de graisse, Jean Clareboudt, – infatigable voyageur, attentif à toutes les richesses des civilisations et des cultures, exotiques ou locales – rapporte régulièrement de ses déplacements au Japon, les papiers du même nom qu’il associe parfois aux tronçons de bambous récolté sur les plages.
Pour Jean Degottex c’est la simplicité du matériau et du geste qui prime, pour atteindre à la beauté avec l’économie la plus grande. Une simple déchirure dans une feuille d’arches, ou encore un fond de sac de ciment récupéré peuvent suffire à créer l’oeuvre.
Marcia Hafif, exilée volontaire pour dans les années soixante en Italie, compose ses collages avec le papier brun des sacs dans lesquels les commerçants romains emballent leur pain ou leurs tomates.
Reiner Ruthenbeck, au coeur des préoccupations des années 60-70 pour l’entropie et l’apparition de la forme, accomplit le geste simple de froisser des feuilles blanches pour lui donner le volume pyramidal du tas.
Joël Fisher, fabrique sa propre pâte à papier avec les vêtements usagés de sa famille et repart des dessins qui s’y forment accidentellement pour développer des sculptures inédites en trois dimensions.
Dans les générations les plus jeunes, la transformation du matériau ou sa mise scène relèvent d’une période où triomphe l’image: Tony Regazzoni enduit patiemment son papier jusqu’à lui donner l’aspect d’une peau et Frédéric Sanchez lui donne l’aspect trompeur des bâches auxquelles ont recours dans de nombreuses circonstances, les populations les plus pauvres.