Emmanuel Lagarrigue, Marlène Mocquet, Guillaume Pilet, Bernard Quesniaux et Michael Roy
Papiers
L’exposition regroupe des oeuvres sur papier de cinq artistes de la galerie. Le support papier est le dénominateur commun des travaux qui sont réunis. Il s’agit d’oeuvres qui mettent en valeur les univers respectifs de ces artistes.
Emmanuel Lagarrigue aime considérer les relations humaines à travers les sonorités qui les façonnent et les entretiennent. Il nous laisse cheminer et nous enferme dans ses installations très graphiques et délicates, où la distillation de chuchotements, mélodies, mots dispersés, musique entêtante, génère une atmosphère propice aux questionnements intimes.
Les dessins proposés sont à l’image du travail sonore de ce plasticien, des grattages subtils et précis qui écrivent des mots, des phrases. Le spectateur est invité à décripter ces signes et l’effort nécessaire à leur lecture renforce l’appropriation qui en découle. D’autres dessins combinant textes et la silhouette de l’artiste et reprennent les thèmes fétiches de l’artiste.
Marlène Mocquet dont la première exposition personnelle au Mac Lyon vient de s’achever, transpose sur papier son univers foisonnant de personnages et animaux fantastiques dans une richesse de techniques. Huiles, crayons de couleur, bombage, paillettes, lavis d’encre, auxquels s’associent la ligne sèche du stylo bille, sont les procédés utilisés par cette artiste qui compose avec grâce des saynètes pleines de mystère. Un univers de fantasmes où l’on se plonge comme autant d’énigmes qui nous font écho.
Guillaume Pilet, jeune artiste suisse, désire décloisonner les pratiques et les styles. Il oscille entre de nombreux médiums. La céramique, la peinture, la Bd, la linogravure, le mural, et à fortiori le dessin. Pour cet artiste qui se joue de la transversalité des genres, le dessin est abordé à travers la modestie née de l’encre de chine sur des petits formats. Il ne s’agit pas à proprement parlé de dessin mais plutôt d’écriture, des sortes de slogans où tout un chacun se retrouve. Ce travail plein d’humour nous renvoie à des situations communes.
Bernard Quesniaux a réalisé un ensemble de dessins de petit format qu’il a intitulé “les mensonges”. Le tracé précis d’un dessinateur averti donne corps à des personnages, des charrettes chargées, des pêcheurs bucoliques, mais se déstructure et se défait pour s’approcher d’une fausse abstraction.
Des collages de papiers de reliure aux marbrures abstraites deviennent le support du dessin. Chacun est alors sous-titré et dans la lecture de cette légende se révèle toute l’ironie et l’humour de leur auteur. Car Bernard Quesniaux est non seulement un dessinateur habile, mais il est aussi un farceur qui se joue de lui et de nous et tourne au dérisoire ce qui ne saurait être trop pris au sérieux.
Michael Roy exploite des images liées à la culture de masse: images de magazines, stars de télé novelas, illustrations extraites de séries télévisées. Ces images ont comme dénominateur commun la fascination-attraction vers le corps de l’autre représenté, le désir ainsi évoqué, la sexualité sous-entendue. Les dessins sont réalisés par l’utilisation de reports à l’aide de papier carbone après agrandissement.
Ce procédé restitue un dessin réalisé à l’aveugle car il n’est guère possible d’avoir un absolu contrôle. Les densités de noirs et de gris, les élisions, les superpositions accidentelles, les simplifications inhérentes aux gestes de frottage, viennent renforcer la fragilité des images résultantes. Le désir bien qu’évoqué ou sous tendu demeure d’une impossible réalisation et est lui-même une fiction.