Présentation
Clément Chéroux
Paparazzi! Photographes, stars et artistes
En 1960, dans La Dolce Vita, Federico Fellini invente la figure populaire du «paparazzi» en contractant les termes «pappataci» (petits moustiques) et «ragazzi» (jeunes garçons). La pratique qui consiste à traquer une célébrité afin de lui dérober une image existe alors depuis près d’un demi siècle. Dès les années 1910, avec l’essor de la presse illustrée, les magazines commencent en effet à consacrer des rubriques spéciales aux célébrités du moment et à publier des photographies volées.
Un siècle après, tandis que les magazines people constituent le secteur le plus florissant de l’industrie de la presse, le Centre Pompidou-Metz consacre une exposition au phénomène paparazzi. En associant les grands noms de la discipline à des travaux d’artistes qui se sont interrogés sur ce mythe moderne, l’exposition a pour ambition de définir les caractéristiques d’une esthétique paparazzi et propose un regard sans précédent sur ce phénomène.
Cet ouvrage, qui comporte plus de 400 photographies et documents, est agrémenté d’une série d’essais d’avocats de droit à l’image, de sociologues, d’historiens de la photographie et de spécialistes du cinéma.
Avec les textes de: Alain Seban, Lauren Le Bon, Clément Chéroux, Camille Lenglois, Véra Léon, Max Bonhomme, Sam Stourdzé, Aurore Fossard-De Almeida, Nathalie Heinich, Marion Varino, Nicolas Maubert, André Rouillé, Quentin Bajac, Frédéric Monneyron.
«Nous voici donc en compagnie d’une catégorie toute spéciale de photographes, dont les productions sont à l’extrême opposé de celles du studio Harcourt: autant celles-ci sont voulues et commandées par leur sujet, soigneusement posées, longuement préparées et entièrement dédiées à l’embellissement de leur bénéficiaire, autant les «clichés» des paparazzis sont obtenus à l’arraché, clandestinement ou, en tout cas, illégalement, et sans aucun égard pour la préservation de la «face» de celui qui n’est plus tant leur sujet que leur victime.
Or les paparazzis forment une catégorie de photographes qui n’existeraient pas sans le phénomène de la visibilité médiatique, avec ses corrélats: le désir de consommer non seulement les images des vedettes, mais des images donnant accès à leur intimité, y compris contre la volonté des intéressés; le développement de supports de presse de plus en plus spécialisés dans la commercialisation de ces images; et l’invention technique d’instruments capables de capter des images à grande distance, donc à l’insu des sujets, avec le téléobjectif à très longue focale. Ainsi est né cet «étrange voleur» selon les mots d’un historien de la photographie, «dont le butin ne vaut qu’à s’afficher au yeux de tous».
Nathalie Heinich
Sommaire
— Avant-propos, par Alain Seban
— Préface, par Laurent Le Bon
— Treize thèses et demie sur le concept de photographie paparazzi, par Clément Chéroux
— Tapis rouge
PHOTOGRAPHES
Une profession
— Les risques du métier. Entretiens avec des paparazzis, par Clément Chéroux, Camille Lenglois, Véra Léon et Max Bonhomme
Des mythologies
— Quand le premier paparazzi faisait son cinéma, par Sam Stourdzé
— Le paparazzi à l’écran: construction d’un mythe contemporain, par Aurore Fossard-De Almeida
STARS
Plein feux
— Les paparazzis, agent du capital de visibilité, par Nathalie Heinich
L’envers du décor
— Le droit des photographes à la vie privée, par Marion Varino et Nicolas Maubert
— La nuit des chasseurs, par André Rouillé
ARTISTES
Les formes de l’appropriation
— Migrations et appropriations. Les artistes et l’esthétique paparazzi, par Quentin Bajac
Dans la peau du paparazzi
— La photographie de mode et l’esthétique paparazzi, par Frédéric Monneyron
— Kiosque
— Annexes