La galerie Christian Berst explore les frontières de l’art brut en exposant des œuvres produites en milieu carcéral: une cinquantaine de paños mexicains, mouchoirs sur lesquels les détenus dessinent à l’encre, emblématiques de la subculture latino des prisons de Los Angeles. Le cabinet de curiosité accueille les dessins de Boris Santamaria, prisonnier cubain.
Pour les prisonniers latinos du sud-ouest des Etats-Unis, souvent illettrés et condamnés à de longues peines, ces messages aux allures d’enluminures adressés à leurs proches sur les paños — diminutif de panuelos (mouchoirs en espagnol) — représentent l’unique moyen de communication avec l’extérieur.
Les motifs, réalisés à l’encre de stylo bille, suivant une technique transmise d’une génération de détenus à l’autre, syncrétisent les icônes du peuple mexicain (héros de la révolution, légendes pré-colombiennes…) et celles de la culture des gangs latinos (pin up aux formes généreuses, grosses cylindrées…).
Si ce registre est choisi pour les élues de leur cÅ“ur, les enfants reçoivent des personnages de cartoons et les mères des sujets religieux traditionnels: Vierge de la Guadalupe, Jésus en croix, mains jointes sur la Bible…
Cette correspondance sur étoffe, développée à la fin des années 40, est une première affirmation de l’identité chicano en Amérique du Nord.
Utilisant lui aussi comme seul matériau le stylo bille, Boris Santamaria, né à Cuba en 1971, exorcise son mal être d’homme aux prises avec les drogues et la maladie par ses dessins sur fond de lignes hachurées com¬me autant de barreaux de la prison qu’il a fréquentée. Son iconographie fustige l’autorité — les autorités (religieuses, politiques, économiques) — en utilisant les codes de la rue ou de la contre-culture.
critique
Panos. Prison Break