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Panos Chicanos

Cet ouvrage accompagne l’exposition «Paňos, art carcéral chicano» organisée par Reno Leplat-Torti, autour de l’art du paño, diminutif de pañuelo («mouchoir» en espagnol), art populaire marginal, apparu pendant les années quarante dans les prisons du Texas, de Californie et du Nouveau-Mexique.

Information

  • @2013
  • E48
  • Zoui
  • 4Français
  • }200 L - 200 H

Présentation
Reno Leplat-Torti, Isabelle Durand, Martha Henry, Mariah Sacoman
Panos Chicanos

Le Musée régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon à Sérignan, dans le cadre de ses missions de démocratisation de la culture propose des activités adaptées à tous les publics dont des actions avec le centre pénitentiaire de Béziers dans le cadre du programme «Culture-Justice».

En février 2013, l’artiste Reno Leplat-Torti a proposé aux détenus un atelier de création de paños, tradition carcérale étatsunienne de dessins sur mouchoirs destinés aux proches des prisonniers. En adaptant et traduisant les codes conçus par les détenus américains, les détenus du centre pénitentiaire de Béziers ont réalisé leurs propres mouchoirs.

Cet ouvrage présente différents panos issus de la collection de Reno Leplat-Torti qui en compte plus de deux cents. Reno Leplat-Torti est artiste sérigraphe, graphiste, auteur de comics, réalisateur de documentaires, collectionneur. Il y a cinq ans, en glanant sur internet des petits objets fabriqués en prison, il découvre l’art des paños. Il prend contact avec des familles de détenus américains et possède aujourd’hui une importante collection présentée dans de nombreuses galeries en Europe et prépare actuellement un film documentaire sur le sujet.

L’art du paño, diminutif de pañuelo («mouchoir» en espagnol), art populaire marginal, est apparu pendant les années quarante dans les prisons du Texas, de Californie et du Nouveau-Mexique. Certains amateurs estiment que leur origine remonte au système pénitentiaire français mis en place au Mexique après la révolution de 1910. Les détenus, d’origine généralement hispaniques, illettrés pour la plupart, inventent leur propre système de communication avec l’extérieur. Sur de simples mouchoirs réglementaires attribués par l’administration pénitentiaire, ils dessinent à la plume avec de l’encre récupérée, de la cire ou du café. Par la suite, dans les états du sud-ouest des États-Unis cette pratique devient une sorte d’art traditionnel carcéral et se répand dans le reste du pays.

La culture chicana est très présente: les évocations catholiques ou de la «vida loca» sont associées aux symboles de la prison et de l’amour dans tous ses états. Ces différentes iconographies se retrouvent également dans les tatouages chicanos et les peintures murales. Les paños envoyés aux enfants convoquent le répertoire d’images apprécié des petits: des Mickeys, des peluches, des oursons.

Malgré la précarité des moyens de réalisation, tels des objets transitionnels, ils rassurent et créent du lien au-delà des barreaux, une façon de s’adresser à la famille, ou aux membres du gang… Ces paños apparaissent telles des pages arrachées de journaux intimes cathartiques avouant sentiments, émotions, pensées et rêves dissimulés, témoins de leur vie en captivité à travers une grande force esthétique. Une richesse d’expression visuelle se dégage de ces mouchoirs, une manière de transcender l’enfermement et l’isolement, le passage interminable du temps et l’ennui, la solitude de la sur-vie en prison où l’identité est matée. Des dessins sur toiles miniatures, plus forts que les mots pour recouvrer humanité et dignité.

Sommaire
— Isabelle Durand, Edito
— Art from the inside, Martha Henry
— Iconographie, Mariah Sacoman

Ouvrage édité à l’occasion de l’exposition «Paňos, art carcéral chicano» au printemps 2013 réalisée dans le cadre du programme «Culture-Justice» au Musée régional d’art contemporain Languedoc-Roussillon à Sérignan en regard des productions des détenus du Centre pénitentiaire de Béziers.

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