Panda Pandi

Panda Pandi
David Lefebvre

Quatre ans après Basse Def, exposition inaugurale de OUI dans laquelle David Lefebvre réalisait un papier peint à même le mur, OUI a le plaisir de présenter son exposition monographique Panda Pandi.

David Lefebvre est peintre. Ses tableaux, figuratifs, sont réalisés d’après photographies, lesquelles sont soit glanées sur internet, soit prises par l’artiste en différentes occasions. Le sujet photographique importe bien sûr, mais c’est son traitement pictural spécifique, rapide, sans concession, reformulant les images, qui donne aux tableaux de David Lefebvre tout leur intérêt. En effet, le sujet choisi par l’artiste peut être source d’inspiration voire d’obsession, comme pour les photographies d’une jeune femme, publiées sur internet, montrant son quotidien et pourtant ménageant son anonymat grâce à un carré blanc placé sur son visage.

L’artiste peint ses tableaux comme on décrit un rêve ou un souvenir. De même que ces derniers sont précis sur certains points et flous sur d’autres, dans une logique qui nous dépasse et que l’on doit conscientiser pour acquérir une certaine connaissance, les tableaux de David Lefebvre sont plus ou moins précis selon les zones, selon les détails.
Certains points attirent le regard, de façon efficace et facile, tandis que d’autres, moins visibles, moins bavards, mais tout aussi importants- si ce n’est plus- demandent un effort particulier au regardeur s’il veut appréhender le tableau dans sa totalité.

Cette recherche à l’intérieur de l’image est d’autant plus forte qu’elle est mise en abîme par un mode de fonctionnement identique dans la relation qui existe entre les oeuvres. Par l’exposition, il s’agit de mettre en place une nouvelle interface pour présenter anciens et nouveaux tableaux. L’accrochage est vu comme une chaîne signifiante qui doit être prise en compte dans sa globalité autant que pour les éléments qui la constituent.
L’accrochage est intuitif, les images sont juxtaposées les unes aux autres, sans rapport de sujet ou de format. Les tableaux fonctionnent seuls mais sont aussi liés les uns aux autres. Le but est de maîtriser l’espace – la scénographie a d’ailleurs été réalisée par l’artiste – afin qu’il n’y ait aucune interruption d’images. Où que l’on se positionne dans l’espace, des tableaux s’offrent au regard, sur différents plans, dans une succession qui happe le visiteur.

Panda Pandi est donc une exposition de peintures, mais parce qu’elle a été une occasion de travail spécifique pour l’artiste, complice de longue date de ce qui se passe à OUI, elle n’est pas un simple lignement de toiles peintes. L’artiste propose ainsi une installation centrale. Centrale car elle est placée au milieu de l’espace, centrale aussi car elle condense plusieurs questionnements fondamentaux pour cet artiste – la précision du détail, la non finition, le leurre et la réalité. L’occasion aura aussi été de travailler en collaboration avec un autre artiste, Clôde Coulpier, pour la réalisation d’une série, Touché. Le dispositif est le suivant : tous les tableaux peints en août sont tirés à la carabine par Clôde Coulpier ; le trou fait dans la toile, discret mais effectif, enlève un détail et en rajoute un autre au tableau. Le trou cache alors quelque chose impossible à retrouver, un potentiel détail qui permettrait la lecture de l’oeuvre, mais fait par ailleurs émerger l’objet peinture à la place de l’image peinte. Plusieurs questions se posent alors : quel détail a été enlevé ? Est-ce bien cet endroit que voulait toucher le tireur ? Dans quelle mesure la lecture de l’oeuvre en est-elle changée ?

Panda Pandi titre de l’exposition fait référence à celui d’un petit tableau, Pan pan da di, anecdotique, mais qui, pointé justement par l’artiste, devient le détail emblématique de l’exposition, au détriment des autres. Le visiteur doit alors se laisser guider par les images, recréer les liens entre elles, déceler les détails importants… La boucle est bouclée.