Pan!

Communiqué de presse
Chloé Julien
Pan!

Les œuvres de Chloé Julien, à travers ces formes qui s’échappent et qui s’étirent, laissent transparaître une douceur proche du monde de l’enfance contrecarrée par une cruauté d’une grande violence, d’où le titre «Pan!», quand le jeu vire au tragique.
 
Dans l’ œuvre  Corde à sauter, ce rapprochement est très clair. Le divertissement enfantin vire au cauchemar, l’objet de récréation devient l’outil de la transformation physique, pour redevenir humain ou bien muter en créature indomptable. Le personnage se retrouve seul face à sa profonde angoisse existentielle et perd devant nous son innocence enfantine. Pourtant Chloé Julien porte un regard attendri sur ses personnages et sur le tragique de leur condition.
 
Sans misérabilisme ni pathétique, Chloé touche au plus profond de nos émotions avec un travail essentiellement humaniste, alternant des zones de peinture diluée jouant de la transparence et d’autres beaucoup plus opaques où se concentrent les centres nerveux de l’œuvre. Sous ces couleurs pastel, ces formes minimalistes et douces et cette composition simple se trament des situations douloureuses. Elle vient en permanence interroger  la condition humaine dans ce qu’elle a de grotesque et de somptueux. Avec quelques traces de pinceaux elle touche l’essentiel, comme si l’inconscient le plus refoulé prenait possession des corps qui l’emprisonne. Ce sont des personnages torturés mais leur détresse est peinte avec pudeur.

Des corps décharnés mais sensuels, des personnages dans le plus simple de leur apparat qui s’offrent aux spectateurs. Des existences qui, même lorsqu’elles se rencontrent, restent toujours esseulées, profondément abandonnées, même par l’artiste, leur propre créatrice qui ne fait que les poser au milieu de la feuille.
 
Ces corps désespérés demeurent inachevés, en perpétuelle continuation et recherche intérieure, abandonnés à leur condition d’homme et de femme : le désarroi de ces êtres jaillit aux yeux du spectateur malgré leur tentative pour dissimuler  leurs failles. Ils sont les protagonistes d’un drame, tentant de se cacher derrière des masques pour mieux vivre leur malaise. 
 
Chloé Julien s’intéresse donc aux relations intimes, aux failles et au noyau de l’être en soumettant aux spectateurs des figures intenses mais fragiles. Ce sont des œuvres profondément charnelles et personnelles dans lesquelles l’artiste s’investit totalement.  On commence alors à comprendre qu’il s’agit peut-être d’un autoportrait. Son travail consiste donc à dépeindre la condition humaine tout en menant une analyse de ses propres expériences et ressentis, qu’elle exprime par l’action des personnages. Il ne suffit souvent que d’une trace, d’une ligne pour discerner la forme d’un corps, elle cherche le geste juste pour des oeuvres sans fioriture, proches de la calligraphie pour leurs formes pures, afin d’en tirer le sens et la clé de l’énigme de leur existence.

Le vernissage commencera à 19h.