Présentation
Jean de Loisy
Palais 18
Publié à l’occasion de «Nouvelles vagues», saison estivale 2013 du Palais de Tokyo, ce numéro de Palais souligne l’importance de la figure nouvelle du curateur et porte un regard sur les pratiques actuelles de l’exposition que ce dernier développe. Cette figure, apparue dans les années 1960 dans un contexte de remise en cause générale des institutions artistiques, est devenue désormais indissociable d’une relecture de l’histoire de l’art au travers du prisme de l’exposition comme médium.
Afin de témoigner de cette transformation de l’écosystème de l’art, le Palais de Tokyo présente les projets des vingt-et-un jeunes curateurs ou groupes de curateurs (de treize nationalités différentes) sélectionnés dans le cadre d’un appel à candidature internationale et entraîne avec lui une trentaine de galeries et lieux d’art dans tout Paris.
Le magazine Palais consacre son numéro 18 aux cinquante-trois expositions de «Nouvelles vagues», avec des contributions inédites des jeunes curateurs invités par le Palais de Tokyo et par trente-deux galeries parisiennes.
Invité spécial de ce numéro: The Exhibitionist, revue américaine consacrée aux pratiques curatoriales et au commissariat d’exposition, propose une histoire subjective de l’exposition à travers six exemples singuliers, dans un numéro bilingue français-anglais de 70 pages, à découvrir à l’intérieur du magazine.
«L’art nous engage. La rencontre avec l’artiste, l’altitude à laquelle il situe sa recherche, son exigence, sa détermination, l’invention de signes nouveaux qui élargissent notre compréhension, sa parole et l’intensité convaincante de sa démarche conduisent ceux qui le rencontrent à témoigner de l’importance, pour nous tous, de cette création qui mène vers ce qu’auparavant nous ne devinions pas.
Le curateur, celui qui prend soin de l’œuvre, nous transmet l’importance qu’a eue pour lui cette rencontre. Pour nous en convaincre, avant même l’expression critique parfois, son premier langage est l’exposition. Concevoir, articuler, organiser le visible, mettre les œuvres en relation avec d’autres, les associer à des objets ou à celles d’autres artistes, bref, écrire l’exposition jusqu’à ce qu’elle lui paraisse rendre justice à son admiration.
Cet exercice magnifique n’est pas nouveau; ce qui l’est peut-être, c’est l’évolution de ce langage et le changement de l’attitude. Si toujours les artistes eurent auprès d’eux des théoriciens ou des écrivains engagés, de Félix Fénéon à Pierre Restany par exemple, longtemps ce furent les marchands, les musées ou les institutions qui eurent ce rôle.
Aujourd’hui, ce travail d’une autre nature — celui qu’entreprirent Harald Szeemann, Hans Ulrich Obrist et quelques autres, plus libres, plus créatifs qu’aucune institution ne put l’être — a suscité la multiplication de ce personnage caractéristique qu’on appelle en français curateur, dénomination confuse d’un acteur plus indépendant, plus subjectif que les curators ou commissaires d’exposition du passé. Il ne s’agit pas pour lui de rendre compte de l’inscription d’une œuvre dans une histoire légitime, mais au contraire de l’aimer parce qu’elle déborde toute histoire.
Le Palais de Tokyo et le magazine Palais, avec la complicité du Comité professionnel des galeries d’art et de la revue The Exhibitionist, accompagnés par des complices qui nous ont aidés à choisir parmi plus de cinq cents projets internationaux, entraînent sur ce sujet une trentaine de galeries et lieux d’art à Paris pour donner une visibilité inédite à ce phénomène: l’apparition de nouveaux compagnons des artistes qui ont choisi l’exposition comme médium pour les acclamer.»
Edito, «Yes we care!», Jean de Loisy (p. 18)
Publié trois fois par an, le magazine Palais offre un regard enrichi sur les expositions et la programmation du Palais de Tokyo. Palais donne à voir l’art contemporain d’une manière actuelle et, aussi souvent que possible, du point de vue des artistes eux-mêmes. Chaque saison, dossiers thématiques, entretiens, essais, projets spéciaux et inserts sont autant de contributions d’artistes, de critiques d’art, d’historiens ou de théoriciens qui font du magazine Palais un outil indispensable pour appréhender l’art contemporain.