L’exposition « Street, Court and Prison » (Rue, tribunal et prison) à la galerie GB Agency, à Paris, présente des séries de dessins de Pak Sheung Chuen qui offrent une lecture personnelle de la lutte pour la liberté d’expression à Hong Kong.
Pak Sheung Chuen, observateur des luttes démocratiques
L’exposition réunit des œuvres de la série Nightmare Wallpapers (Cauchemar en papier-peints) et Seals (Sceaux), des dessins qui ont été inspirés à Pak Sheung Chuen par le mouvement Occupy Central qui s’est déroulé du 28 septembre au 15 décembre 2014 à Hong Kong. Aussi connue sous le nom de Révolution des parapluies, cette série de manifestations menées par des militants démocrates s’opposait au projet du gouvernement chinois de limiter la portée du suffrage universel pour l’élection du chef de l’exécutif de Hong Kong et réclamaient un système plus démocratique.
S’inscrivant dans une œuvre qui reflète le Hong Kong contemporain à travers ses observations personnelles et son engagement intellectuel, les dessins de Pak Sheung Chuen sont ceux d’un artiste qui se considère comme un observateur plus que comme un activiste. Les manifestations de 2014 s’étant achevées sans avoir atteint leurs objectifs, il semblait difficile pour Pak Sheung Chuen de donner du sens à sa démarche face à l’impasse politique dans laquelle se trouvait Hong Kong.
Des dessins inspirés par la situation politique de Hong Kong
Les dessins de la série Nightmare Wallpapers représentent un tournant dans la pratique de Pak Sheung Chuen car ils lui ont permis d’entamer « un pèlerinage artistique d’autoguérison après l’échec de la Révolution des parapluies ». Ces dessins sont nés lors de procès d’activistes politiques poursuivis par le gouvernement, auxquels l’artiste se rendait régulièrement. Pendant ces séances au tribunal, Pak Sheung Chuen laissait son stylo glisser librement sur son carnet de note, à la façon des dessins automatiques des surréalistes. Ces tracés aléatoires ont ensuite été scannés et agrandis sur ordinateur et leurs fragments répétés à l’infini transformés en motifs abstraits et décoratifs de papier peint.
A travers ce processus, Pak Sheung Chuen analyse les détails de ses représentations inconscientes nées de ses émotions et enclenche ainsi un processus de guérison psychologique. Par ailleurs, les dessins nés en salle d’audience devenant motifs de décoration d’intérieur, renvoient aux rapports entre le pouvoir de l’Etat et l’individu.
La série Seals, également issue de dessins automatiques, présente des versions agrandies des griffonnages de Pak Sheung Chuen. Peints directement sur le mur, ils prennent l’apparence de graffitis noir et blanc réalisés au pochoir. Ces « sceaux » rappellent ceux apposés sur les documents officiels par les autorités gouvernementales tout en les transposant dans un style évoquant l’expression populaire et la contestation. Bien que simples motifs imaginaires, ils constituent ainsi les signes subtils d’une révolte.