Lisa Milroy
Paintings
Figure importante de la scène artistique anglaise contemporaine, Lisa Milroy s’est fait connaître à partir du début des années 80 à travers ses peintures d’objets ordinaires —chaussures, livres, vêtements, timbres-poste, disques en vinyle, assiettes, etc— ou de sujets plus rares tels que des vases grecs, des pièces de monnaie romaines, qu’elle représente sur le mode de l’inventaire ou de la collection, sur une toile de fond neutre grisâtre, permettant de les isoler de tout contexte.
Puis à partir du début des années 90, Lisa Milroy décide de renvoyer les objets de ses peintures au monde auquel ils appartiennent et de les peindre dans le contexte dont ils sont issus, incluant des architectures, des personnes et des animaux.
Franchissant une nouvelle étape à la fin des années 90, ses sentiments et ses émotions deviennent les sujets de sa peinture. Le résultat étant une approche à la fois plus rapide et plus gestuelle basée sur des instants de vie.
Lisa Milroy a une fascination de longue date pour le Japon qu’elle a visité à plusieurs occasions. Ainsi ses nouvelles peintures reprennent des sujets issus de cette culture : copies d’«Ukiyoe» (estampes japonaises), nourriture, objets, architectures et villes. Puis elle peint des mariées dans leur costume traditionnel. Leur robe et leur masque leur donnent un statut d’objet, offrant ainsi à l’artiste le moyen de la transition entre la nature morte et le vivant. Bien que l’aspect formel de ces premiers portraits ait disparu, ils préparent le terrain pour les œuvres les plus récentes.
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Xippas, Lisa Milroy présentera un quadriptyque de presque sept mètres de long, particulièrement emblématique de son plaisir de peindre. Le titre de cette peinture Painting Fast Painting Slow annonce d’emblée le parti pris de l’artiste. Cette œuvre est l’occasion pour Lisa Milroy de confronter les différents sujets et formes de représentations picturales expérimentées depuis une vingtaine d’années. La composition de cette peinture produit une forme de narration nous livrant avec générosité l’intimité de son regard de peintre.
Les deux premières parties de l’œuvre se composent de trois portraits de Geishas, isolées sur fond gris neutre, peintes avec distance et retenue pour ne restituer que leur apparence. Celles-ci semblent avancer peu à peu vers la droite et entrer dans un nouvel espace pictural représentant un groupe de Geishas dans leurs activités quotidiennes. Ici l’écriture est très gestuelle, ironique, et s’oppose à la représentation «objective» de la partie gauche de l’œuvre. En exagérant les sentiments plus que l’apparence, ces femmes affichent leur intimité; Lisa Milroy les présente comme des femmes fondamentalement indépendantes. Elle ne les dépeint pas comme des sujets exotiques, mais nous les rend familières, car les Geishas de Lisa Milroy regardent la télévision et mangent de la pizza.
L’arrière plan forme une sorte de collage constitué de fenêtres représentant d’autres peintures de l’artiste: un intérieur japonais, un bol de thé, un plat de sushis et des copies d’estampes japonaises. On retrouvera d’ailleurs l’esprit de ces peintures à travers trois autres œuvres présentées en parallèle.
Lisa Milroy
Née en 1959 à Vancouver au Canada, elle vit et travaille à Londres.
En 2001, la Tate Liverpool lui consacrait une importante exposition personnelle sur l’ensemble de son œuvre depuis 1983. Elle est représentée par la galerie Alan Cristea à Londres et Luis Campana à Cologne. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuse collections, que ce soit en Europe, au Japon ou aux Etats-Unis.