Dans l’espace de la Galerie Aline Vidal, sont réunies des œuvres design provenant de la Tools Galerie et des tableaux et photographies des artistes habituellement représentés par la galerie accueillant l’évènement.
Dans une scénographie épurée, dans la droite ligne du «White Cube», les œuvres sont associées ou plutôt mises en parallèle, les unes à côté des autres.
Loin d’un mélange hétéroclite, ce PACS entre design et art contemporain pourrait évoquer la vision de l’intérieur d’un collectionneur éclairé. Les œuvres graphiques ne sont plus seules sur leurs murs blancs, et le mobilier trouve sa place et sa fonction au sein d’un décor.
Pêle-mêle, nous retrouvons les pièces phare de Marteen Baas de la série Clay Furniture, la Mesh Chair et le vase Money Vase de Chris Kabel, le Préau Lumineux de Ionna Vautrin, des lampes de Pieke Bergman et celles de David Enon, des sièges de Richard Hutten ou de Jo Meesters, en association aux Autoportraits de François Morellet, aux toiles de Sigurdur Arni Sigurdsson, ou aux œuvres psychédéliques de Jens Wolf et aux espaces vides de Philippe de Gobert, à l’installation Je n’existe pas de Stéphane Thidet pour ne citer qu’eux.
Implicitement à travers ce rapprochement, c’est la segmentation habituelle des galeries qui est soulignée, d’un côté le mobilier, de l’autre la peinture, d’une part l’art contemporain, de l’autre le design.
Cette séparation traditionnelle tend à se resserrer ces dernières années, notamment avec l’évolution du mode d’exposition du design présenté comme les autres œuvres d’art, sur piédestal, avec cartel, surtout lorsqu’il s’agit de pièces uniques.
Le principe des échanges entre galeries s’est aussi bien démocratisé depuis quelques temps, que ce soit pour des échanges de locaux, comme pour le programme Paris-Berlin, proposé par l’Ambassade de France en Allemagne, ou encore à l’occasion de foires ou autre évènements, mais aussi pour un «prêt» d’artistes comme entre la galerie Kréo à Paris et la galerie Simon Lee à Londres. Tout est une question de notoriété et de mise en valeur par le biais d’une présentation dans un nouveau lieu, pour communiquer autour de l’artiste ou de l’exposition d’une autre manière.
Avec Pacs, l’expérience est encore différente.
Aline Vidal prête bien l’espace de sa galerie, mais en ne décrochant pas les œuvres contemporaines qu’elle expose.
Le but de la manœuvre est bien une confrontation ou bien un rapprochement entre art contemporain et design, pour créer un dialogue. D’autres galeries comme Jousse Entreprise ou Emmanuel Perrotin jonglent entre art contemporain et design mais souvent en disposant de deux lieux d’exposition différents.
Plus récemment de nouvelles galeries ont fait le pari de ne pas choisir entre art et design et d’exposer les deux genres en alternance ou quelques fois en même temps comme chez NextLevel Galerie ou la Coming Soon Galerie, tout en participant activement à l’édition des pièces des jeunes designers représentés comme le fait aussi la Tools Galerie.
L’expérience aussi intéressante soit elle mériterait d’être renouvelée plus souvent, et les galeries, bien que chacune ait sa spécialité, pourraient ainsi proposer une nouvelle approche des œuvres dans un contexte mêlant arts graphiques, vidéos, installations et design, pour questionner encore et toujours la recherche formelle, les matières, les sources d’inspiration et créer des mises en parallèle inédites.