L’exposition « Guernica » au Musée national Picasso-Paris revient sur la genèse, le contexte de création et la postérité de ce tableau de Pablo Picasso devenu un des chefs-d’œuvre les plus connus au monde.
Guernica, une Å“uvre majeure de Pablo Picasso
Marquant le 80e anniversaire de la naissance du tableau Guernica de Pablo Picasso, l’exposition bénéficie d’un prêt exceptionnel du Museo Nacional Centro de Arte Reina SofÃa, musée national espagnol d’art moderne et contemporain situé à Madrid, ville où l’œuvre est conservée de manière permanente depuis 1981. Des tableaux ayant valeur de source iconographique, de nombreuses esquisses, des photographies d’atelier, des affiches liées à la Guerre civile espagnole ainsi que des réinterprétations signées par plusieurs artistes contemporains rendent compte de la genèse et de l’héritage de cette Å“uvre majeure de Pablo Picasso.
La première partie du parcours s’intéresse à l’iconographie du tableau Guernica en soulignant combien les figures du taureau et du cheval, qui ont suscité de nombreuses interprétations et que Pablo Picasso s’est refusé à expliquer, et ses personnages anonymes en font une œuvre ouverte plus qu’une œuvre de propagande. Des réalisations antérieures de Pablo Picasso comme Corrida : la mort du toréro, peint en 1933, et Femme à la bougie, combat entre le taureau et le cheval, de 1934, montrent comment Guernica s’inscrit, en même temps qu’il s’inspire de nombreuses sources extérieures, dans la continuité du travail de l’artiste, en particulier des corridas et minotauromachies des années 1930.
Guernica, symbole anti-franquiste et pacifiste
L’exposition éclaire le contexte de création de l’œuvre, la guerre civile espagnole. Les débuts de celle-ci et les exactions commises inspirent à Pablo Picasso des œuvres comme la gravure satirique Songe et mensonge de Franco. Vient ensuite la commande qui lui est faite par la République espagnole d’une œuvre qui devrait la représenter à l’Exposition internationale des arts et techniques dans la vie moderne de Paris, et ainsi lui servir de soutien symbolique. Des premières esquisses attestent de cette phase, quand Pablo Picasso orientait sa réalisation vers le thème du peintre et son modèle, plus que vers celui de la guerre civile. Enfin, le bombardement de la petite ville basque de Gernika en avril 1937 vient transformer complètement son projet.
La seconde partie du parcours suit l’histoire et la postérité du tableau Guernica en montrant comment la force qu’il a acquise est aussi due aux contextes dans lesquels il a été exposé et au relais de personnes influentes comme Christian Zervos et sa revue Cahiers d’art ou Paul Éluard. Est soulignée la dimension fédératrice de Guernica pour les artistes espagnols anti-franquistes puis, plus largement, celle d’icône pacifiste qu’elle a acquise après-guerre. Des œuvres de grand format inspirées de Guernica et réalisées par des artistes contemporains comme Damien Deroubaix, Robert Longo et Tatjana Doll témoignent de l’influence de ce tableau sur l’art du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui.