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Ouvrir couvrir

Recueil d’essais d’historiens et de critiques d’art à l’initiative de la plasticienne Jessica Vaturi, né de ses interrogations sur son propre travail sur le corps. Une réflexion étendue à l’ensemble de l’histoire de l’art et des sciences pour mieux comprendre l’évolution du regard occidental sur le corps : du corps couvert (voilé, maculé) au corps ouvert (disséqué, transpercé).

— Auteurs : Paul Ardenne, Raphaël Cuir, Georges Didi-Huberman, Alain Fleischer, Françoise Frontisi-Ducroux, Jacinto Lageira, Benny Lévy, Jessica Vaturi
— Éditeur : Verdier, Lagrasse
— Année : 2004
— Format : 14 x 22 cm
— Illustrations : quelques, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 314
— Langue : français
— ISBN : 2-86432-426-1
— Prix : 28 €

Avant-propos
par Jessica Vaturi (p. 7-8)

Je suis peintre et plasticienne. À partir des planches anatomiques de la Renaissance, celles d’André Vénale et de l’imagerie médicale contemporaine, mon travail interroge les polarités face et envers, ouvrir/couvrir, dehors/dedans, dessus/dessous ; la topographie des ramifications internes, des flux latents ou cachés.
Au cours de mes recherches des questions ont afflué mais les mots me manquent.
Les historiens et les philosophes ont toujours examiné les œuvres d’art. Cette fois une artiste trouve la nécessité d’interpeller des intellectuels pour élucider sa propre pratique. Cette inversion préside à l’initiative de ce livre.

Qui ouvre, couvre le corps occidental et ses images ? Dans quelles modalités? Dans quelles limites ?
Le XVIe siècle inaugure l’ère du corps-objet, de la dissection-spectacle et de la Science rédemptrice. Pourquoi Vénale nous présente-t-il, dans le De humani corporis fabrica, une Vénus-hybride, statue et viscères ?
Pourquoi sculpter des voiles sur des visages de marbre ? ou se couvrir de cendres ? de sperme ? d’excréments ?
Peindre sur/sous toile, la traverser, ou se tatouer, se percer, se vêtir d’explosifs : d’où vient la fascination violente, d’ouvrir, de s’ouvrir, de voir s’écouler l’ouvert ? Qu’engendre le choix photographique – esthétique – de synchroniser les déclics de l’obturateur et du détonateur ?

Désormais l’oeil pénètre l’intérieur du vivant. Radiographie, scanographie, endoscopie, échographie tridimensionnelle, imagerie à résonance magnétique, « chaque jour, la France produit dix millions d’images de nos corps biologiques » [Monique Sicard, La Fabrique du regard]. Comment s’approprier, incorporer cette déferlante d’images ? Sommes-nous ces lieux fragmentés, inouï;s que nous scrutons ? « L’imagerie médicale, dernier avatar en date de la représentation, avec lequel s’introduit une autre expérience de l’intimité charnelle » constitue-telle pour la peinture, comme le pense Hubert Damisch, « un défi analogue à celui qu’à représenté, en son temps, la photographie » [Hubert Damisch, Voyage à Laversine] ? Quelles relations établir entre le droit à disséquer, la possibilité d’explorer in vivo, la faculté de manipuler le biologique, et la perception contemporaine du corps dans l’art ?

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Verdier)

L’artiste
Jessica Vaturi est peintre et plasticienne de nationalités française, américaine et italienne.

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