PHOTO

Ouvert/Couvert

PMuriel Enjalran
@12 Jan 2008

Comment à travers réconcilier la dimension humaine avec la nécessité technique et l’efficacité dans l’univers médical ? Dans cette perspective, l’artiste s’est associé à deux architectes, les élèves de l’École d’architecture de Versailles, et un cinéaste, dans de cadre d’un programme de réaménagement du site hospitalier de Villejuif.

A la fois lieu d’exposition et pôle expérimental de recherche et de création, le Centre d’art de l’École d’architecture de Versailles, situé dans le pavillon central de la Maréchalerie, entend explorer les rapports entre art contemporain et architecture. Le projet culturel et artistique s’articule autour de trois axes : recherche/expérimentation, diffusion et médiation.
Nicolas Michelin, le directeur, en ouvrant l’École sur la ville veut réaffirmer son ouverture sur le monde. Un espace de réflexion et de travail est offert aux artistes invités préoccupés par les notions d’espace, d’environnement et de territoire. Quatre expositions par an sont prévues.

C’est l’artiste Emmanuel Saulnier qui inaugure le lieu avec l’exposition « Ouvert/Couvert », perspectives pour une commande publique à L’Institut Gustave Roussy de Villejuif. Il s’agit ici des résultats de la résidence que l’artiste a effectué à Villejuif, avec des interventions d’architectes, d’élèves de l’Ecole et d’un cinéaste, dans le cadre d’un programme de réaménagement du site hospitalier. Cette résidence lui a donné l’occasion de s’interroger sur la place et le rôle d’une proposition artistique dans l’univers médical.

L’artiste a axé son travail sur la rencontre et l’échange, l’envisageant d’abord comme un « temps relationnel ». Dans un studio algeco aménagé en face de l’Institut, il a rencontré durant deux mois le personnel médical et administratif, les visiteurs mais aussi les architectes et les concepteurs des nouveaux lieux. Il a pu mieux comprendre l’univers hospitalier et voir comment, à travers le réaménagement de ses espaces, aider ceux qui le fréquentent à mieux le vivre. Un film du cinéaste Marc Petitjean retrace ces échanges.

L’exposition s’articule autour de deux films correspondant aux deux projets qui ont guidé cette résidence : celui de Marc Petitjean et celui de l’étudiant Olivier Robin. Un groupe d’étudiants encadré par l’architecte Hervé Bagot a en effet travaillé conjointement pendant six mois à l’étude de la réhabilitation de l’Institut en regard de la démarche d’Emmanuel Saulnier. Cette confrontation de points de vue entre l’artiste et ces futurs architectes permet d’enrichir leur approche et leur analyse d’une situation urbaine. Le film découpé en séquences correspondant chacune à un thème ou à une idée forte (Evasion, Pontage, Décors…) rend compte de leurs réflexions et de leurs travaux : dessins, maquettes.

Dans la salle principale, une tour, suspendue, toute en transparence, prolonge les combles mansardés, et fait figure de structure faussement porteuse. La pièce, visible de l’extérieur, s’inscrit dans la façade classique ouverte sur la ville. Cette colonne de 6 m de hauteur faite de plaques de verre serrées par des lanières de cuir noir fait partie des œuvres récentes de l’artiste qui depuis 1982, articule son travail de sculpture autour du verre et où l’eau et la lumière jouent un rôle prépondérant.

« Ouverte-couverte », elle renvoie au projet d’œuvre né de cette résidence : la création d’un passage entre le bâtiment de la recherche en cancérologie et le bâtiment hospitalier jusque là séparés. L’artiste s’est rendu compte à travers ces échanges et au regard de l’agencement des espaces extérieurs et des bâtiments, étrangers les uns aux autres, de l’aspect dérisoire que revêtirait la production d’une œuvre qui ne tiendrait pas compte de ce constat spatial et humain. Ainsi comment à travers cette proposition artistique réconcilier la dimension humaine qui s’oppose trop souvent à la nécessité technique dans l’univers médical et y réintroduire la beauté ? Reliées par ce passage transparent, les différentes fonctions de l’hôpital s’ouvrent les unes aux autres et sur le monde. On retrouve la notion d’ouverture qui est au cœur de l’œuvre de l’artiste et de son projet de résidence.

Pour donner corps à cette idée, Emmanuel Saulnier a fait appel à deux architectes de Nancy, Christian Vincent et Sébastien Gschwind. Il s’agit à présent de trouver les financements pour mener à terme ce projet.

— Tour, 1998. Cuir, verre. Haut. 600 cm, larg. 50 cm.

AUTRES EVENEMENTS PHOTO