Dans cette nouvelle exposition de la Galerie Maubert consacrée à Atsunobu Kohira, les modes d’expression sont multiples: photographie, sculpture, installation… Et les supports utilisés sont aussi variés que les matières constituant le monde et dans lesquelles le temps fait son œuvre.
Le temps, et la façon dont il façonne cette matière, sont au centre de l’œuvre de cet artiste parisien qui a déjà présenté plusieurs expositions personnelles en France et au Japon.
Revisitant l’art de l’Ikebana, une photographie présente un bouquet de fils lumineux jaillissant entremêlés d’un vase : plus qu’une image figée, c’est une représentation du travail du maître Shuho, de ses gestes, autant que de son œuvre finale. Ou comment une photographie peut donner à voir un work in progress.
Graphite, fleurs, lapis lazuli, colophane… Les matériaux naturels sont à la base de la plupart des œuvres de Atsunobu Kohira. Mis en scène, ils symbolisent le travail jamais fini du temps et l’état forcément transitoire de toute chose. Emprisonnées dans un grillage en graphite suivant des formes de molécules, des roses séchées semblent ainsi enveloppées de ce qui les a nourries, du carbone qui, revenant à la terre, pourra lui-même se transformer en charbon ou en diamant.
Explorant le mouvement, même imperceptible, du temps, Atsunobu Kohira scrute les métamorphoses qu’il produit et s’intéresse à l’«écosystème tout entier». Pour mieux rendre compte de cette œuvre de la nature, la sienne use autant de la matière organique que de procédés parfaitement modernes. Ainsi le morceau de pierre précieuse, placé en rotation sur un plateau et sous l’objectif d’un microscope qui retransmet par LED l’image sur une boîte lumineuse qui elle-même la projette sur le plafond, vers le ciel, où le gemme se dilue en lumière. Ou encore cet ensemble de trois photos réalisées grâce à un microscope à balayage électronique où les paysages deviennent de la matière en mouvement, si ce n’est pas l’inverse.
Chaque œuvre de Atsunobu Kohira dit non pas l’inexorable mais plutôt l’infini: Outretemps, comme on dit outre-tombe pour mieux signifier que la mort n’est pas une fin mais une nouvelle ère…