L’exposition Out of the light présente la nouvelle installation éponyme de Semiconductor et une sélection de vidéos récentes, imbriquant animations numériques et films, propre à ce duo d’artistes.
L’installation Out of the light met en scène, sur un grand écran horizontal entouré de rideaux hermétiques où se glissent les spectateurs, le jeu de l’ombre et de la lumière en une succession de séquences très différentes. Chacune se rapporte, de façon directe ou indirecte, au mouvement du soleil. Le regard se fixe d’abord sur la terre, via une ville stylisée, puis vers le ciel, en un chassé-croisé élargissant le point de vue de notre environnement proche à notre galaxie.
Le passage en accéléré du jour et de la nuit sur une ville, simplement modélisée par des cubes alignés, est représenté par la mouvance rapide de l’ombre des immeubles projetée sur le sol. Parallèlement, ces cubes se multiplient à grande vitesse, figurant la mutation d’une ville sur une longue période. Le passage du temps devient ainsi perceptible dans sa régularité et la modularité de ses impacts, en un raccourci saisissant, comme les aiguilles d’une montre marquant chacune les secondes, les minutes ou les heures. Le lien entre éphémère et durée, habituellement insaisissable, s’appréhende alors.
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Puis succède, recréée numériquement, une éclipse solaire vue à travers un feuillage d’arbres. Le mouvement délicat des branchages diffracte le soleil en de multiples boules lumineuses qui s’amenuisent en autant de croissants, au fur et à mesure du cycle de l’éclipse. A cette vision poétique fait écho la séquence du transit de Vénus, déplacement de cette planète entre le soleil et la terre, comme un petit point noir à la face du soleil.
Ces moments contrastés qui se succèdent évoquent des échelles d’espaces et de temps sans commune mesure, où la lumière solaire donne le rythme. Mais ces écarts extrêmes font s’entrechoquer la perception des temporalités : le temps de l’éclipse semble se dilater alors que la transformation de la ville s’effectue en accéléré sous nos yeux, faisant vaciller nos repères habituels.
Les deux vidéos All the time in the world et The Mini-Epoch-Series traitent aussi du passage du temps et de ses répercussions sur terre : la première simule la formation du paysage d’une région anglaise sur des millions d’années et la seconde une évolution urbaine sur les 2000 ans à venir. Créée pour la Biennale de Venise de 2003, The Mini-Epoch-Series enchaîne cinq films sonores d’une minute chacun, associant l’évocation de cette ville construite sur l’eau et amenée à disparaître à la modélisation d’un développement urbain représenté par la prolifération de petits cubes multicolores autour d’un pavage de béton. Le chamboulement d’échelle rend visible, là aussi, la dynamique du monde physique, tout en dédramatisant, par ces micro-topologies fulgurantes, la disparition possible d’une ville.
Parmi les autres films présentés, Matter in Motion superpose à des vues de Milan des formes moléculaires en expansion, révélant la structure cachée de toute matière et établissant une comparaison entre développement urbain et matière.
Le son, essentiel dans chaque film, participe de la perception des flux sous toutes les formes (crépitements, enregistrements audio basse fréquence ou issus de secousses sismiques), jusqu’à créer lui-même l’image : les molécules qui se développent dans la vidéo 200 Nanowebbers sont générées en direct par une bande sonore et se déforment selon son intensité. Â
Semiconductor
— Magnetic Movie, 2007. 04,47 mn, HD/16:9. An Animate Projects commission for Channel 4 in association with Arts Council England.
— Out of the light, 2008. Installation. HD floor projection. Commissioned by Arcadi, Paris.
— Brilliant Noise, 2006. Installation/performance. Single channel : various lengths + multi channel surround sound. NASA Space Sciences Fellowship, Berkeley, USA.
— 200 Nanowebbers, 2005. 02,49 mn. Audio : Double adaptator © www.osaka.ie 4:3.
— Mini-Epoch-Series, 2003. Installation. 04,17 mn. Single channel + X5 7  » widescreen LCD. Venice Biennale.