Out of sight

Ellen Kooi
Out of sight

Les images d’Ellen Kooi renvoient immanquablement à cet univers du conte: elle mêle avec subtilité le merveilleux et la peur. Car si au premier abord on croit voir de jolies saynètes, en y regardant d’un peu plus près, on découvre très rapidement toutes sortes de tensions et de regards effrayés, des personnages souvent nombreux mais qui semblent être des copies les uns des autres et qui surtout n’ont aucun contact entre eux.

Ses photos sont un peu à l’image de ces terres hollandaises qui sous une calme apparence débordent de tensions et où les éléments se heurtent.

Ellen Kooi travaille ses photographies comme des mises en scène et utilise ses modèles comme des acteurs (elle a d’ailleurs débuté comme photographe de théâtre). On sent que rien n’est laissé au hasard et que chaque détail est important pour la compréhension de l’image (ils ne sont d’ailleurs pas visibles immédiatement et il faut s’attarder sur chaque scène pour les déceler).

Elle a par ailleurs la capacité de faire habiter les paysages par ces personnages: chutes, sauts, courses, la photographie suspend leur mouvement et nous renvoie à la danse contemporaine et notamment à la chorégraphe Pina Baush qu’Ellen Kooi affectionne particulièrement.

Ces différents niveaux de lecture, ces lumières du nord très contrastées qui nous rappellent la peinture hollandaise, ces personnages irréels, ces paysages époustouflants et l’utilisation du grand angle et des formats panoramiques, confèrent au travail d’Ellen Kooi une dimension cinématographique qui est d’autant plus cohérente dans une exposition monographique comme celle présentée au Château d’Eau qui met en tension ses travaux les plus récents avec des images de ses débuts.

En effet, le spectateur peut alors se perdre dans ces «tableaux» et circuler d’une image à l’autre un peu comme dans un storyboard.