Ousmane Mbaye
Dix ans dits en design
Depuis dix ans, cet artiste dakarois dit «imaginer et expérimenter des réponses esthétiques à la recherche de l’équilibre». Et, de fait, Ousmane Mbaye et son design ne manquent jamais d’aplomb. Sûr de sa voie, sûr de sa quête, sûr de son «savoir fer». Meubles et luminaires, consoles et assises, espaces et matières: chaque défi ou chaque source d’inspiration est pour lui l’opportunité d’apprivoiser le métal et de dompter les couleurs. Retracez dix années de ce designer dans un parcours d’Å“uvres créées spécialement pour l’événement et mises en scène dans différents lieux du CentQuatre. Regardez, touchez, asseyez-vous, prenez le temps: vous allez ressentir une nouvelle énergie. Ousmane Mbaye signe de ses lignes et de l’éclat de sa meuleuse une expression aussi chaleureuse que contemporaine, qui prend toute sa dimension dans sa capacité à se glisser dans nos vies.
Créateur de «mobilier universel», il refuse d’être rattaché à une culture précise mais aussi de porter l’étiquette de l’autodidacte : «j’ai appris un métier, à manier les outils, à souder. Je le transforme en créant des meubles, donc c’est une école. Et il y a une école de la vie : les gens que je rencontre m’inspirent, en Afrique, en Europe, en Asie, un peu partout.» Ses créations sont donc autonomes, et inspirent un souffle de véritable architecture, en se basant sur des besoins simples. Si ces premières manipulations du chalumeau datent de son adolescence lorsqu’il réparait des réfrigérateurs, Ousmane Mbaye aujourd’hui magne le métal et les matériaux de récupérations comme un véritable sculpteur.
L’artiste s’inscrit dans l’effervescence créative de Dakar, où le recyclage et la fabrication artisanale et personnelle permet de faciliter la vie au quotidien, mais aussi de s’émanciper par l’appropriation d’une technique, pouvant faire advenir la beauté et même l’art. Une forme d’altermondialisme se dessine pour répondre à des besoins simples. Ousmane Mbaye fabrique des chaises avec des vieux bidons d’essence qu’il ne trouve qu’à Dakar, son voyage à Paris quelques années auparavant ne lui a pas fourni les matériaux qui l’inspiraient. Sa ville constitue son espace exclusif de création, bien que son mobilier soit présenté dans le monde entier.
Son rapport aux différents matériaux n’est pourtant pas similaire à celui du pur «recyclage» car ils les abordent par but esthétique avant de brandir l’écologie comme engagement. L’artiste parvient à créer un mobilier fonctionnel tout en se détachant du fatal utilitarisme faisant souvent de l’ombre aux designers. Ses objets, par leur parcours de construction apparent, inspirent une vivacité similaire, reflètent alors parfaitement cette philosophie de «savoir fer», un gai savoir.
Dans le cadre de Paris Design Week
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