Neil Farber
Our Little Village
«Winnipeg» signifie en langage Cree «eau boueuse». Loin d’être englués par un tel nom, beaucoup d’habitants de la ville ont développé un esprit créatif débordant. Terre natale d’une jeune génération d’artistes reconnus, comme Marcel Dzama et la Royal Art Lodge, Kent Monkman, le réalisateur Guy Maddin et tant d’autres, la ville fut aussi le berceau du mouvement «Prairie Surrealism» (Surréalisme des prairies), de figures historiques canadiennes telles qu’Ivan Eyre et d’artistes influents comme par exemple le photographe spiritualiste T.G. Hamilton. La création de cette région tire autant son inspiration des grandes prairies du Nord du Canada, autrefois peuplées des indiens Crees et Métis, que de la mélancolie teintée d’humour des immigrants qui se sont installés dans la Province tout au long du XIXe et du XXe siècle.
Découverts à la fin des années 1990 par Hervé Di Rosa, les premiers films de Guy Maddin et les œuvres du collectif Royal Art Lodge (RAL) révèlent le potentiel créatif des artistes de Winnipeg. Leurs œuvres sont des productions étonnantes, incomparables, sortant de l’ordinaire du flux majoritaire d’images dont nous sommes abreuvés quotidiennement. Il se dégage de ces œuvres une force peu commune et l’ensemble sort des sentiers battus de l’art contemporain.
La multiplicité des médiums employés par les artistes winnipegois (arts visuels, vidéo, performance, installation, photographie, musique) révèle «Winnipeg» comme un espace spécifique de création, que les commissaires Hervé DiRosa (Fondateur du MIAM), Paula Aisemberg (Directrice De la Maison Rouge) et Anthony Kiendl (Directeur du Plug In ICA à Winnipeg) tentent de cerner à travers l’exposition présentée au MIAM. A la multiplicité des médiums s’ajoute la diversité des concepts abordés: histoire, sociologie, économie et même météorologie sont convoqués par les artistes de Winnipeg.