Le chorégraphe marocain Fouad Boussouf rejoint la France dans les années 1980 et s’initie au hip-hop, à la danse jazz, à la danse contemporaine ainsi qu’aux arts du cirque. En 2010, il fonde la compagnie Massala, qui mêle ces différents genres aux danses et musiques traditionnelles du Maroc. Au cœur du travail chorégraphique qu’il mène pour la compagnie se trouve la question de la double identité et du métissage des cultures. Suite à Transe (2013) et à Näss (2019), le spectacle Oüm clôt la trilogie que le chorégraphe consacre depuis plusieurs années au monde arabe et plus particulièrement au Maghreb.
Oüm : un hommage à la culture arabe
Le spectacle porte le prénom de la célèbre cantatrice égyptienne Oum Kalthoum. Du début de sa carrière dans les années 1920 à sa mort en 1975, elle s’est imposée comme l’une des plus grandes voix de la chanson arabe, au point de continuer à fasciner jusqu’à nos jours. Sa musique a enchanté des générations de gens au Maghreb et ailleurs, y compris Fouad Boussouf, sa famille et ses proches. Le fantôme de la diva plane sur le spectacle, tant dans les musiques jouées que dans les thèmes abordés, similaires à ceux de ses chansons : l’amour et l’ivresse.
Son invocation revêt ainsi une teinte nostalgique. « Je souhaitais faire revivre une période où danse, musique, chansons d’amour et poésie faisaient partie du paysage culturel des grandes capitales arabes », explique le Fouad Boussouf. Plus qu’un hommage à la chanteuse, Oüm se fait ode à la culture arabe dans son ensemble, mêlant toutes les disciplines précédemment citées. Le spectacle comprend des rythmes musicaux traditionnels, des références à la danse orientale ou à la dakbe libanaise, et d’anciens poèmes écrits en arabe par le grand écrivain persan Omar Khayyâm qui a vécu au tournant du XIe et XIIe siècles.
Oüm : mélange des genres et des époques
Ce sont le mélange et le métissage qui se trouvent avant tout au cœur du spectacle, portés en premier lieu par la diversité des interprètes – cinq danseurs et deux musiciens – d’origines très variées. Fouad Boussouf joue sur ces différences de parcours en faisant déclamer les poèmes d’Omar Khayyâm à des artistes non-arabophones. Il s’agit également d’un mélange des genres : les danses folkloriques et orientales se mêlent au hip-hop et à la danse contemporaine ; le tambourin traditionnel donne le rythme à un solo de guitare électrique.
Enfin, Oüm mêle les époques, à travers des références anciennes comme contemporaines. « Peut-être est-on dans les Mille et une nuits ou en 1920, dans les années folles en Égypte… », suggère Fouad Boussouf. Le spectacle veut être un carrefour spatio-temporel entre les disciplines et les cultures, à l’image de la description que l’écrivain franco-libanais Amin Maalouf fait de Samarcande. Des intellectuels venaient de partout pour se rencontrer dans la ville surnommée « la perle de l’Orient ».