Joana Vasconcelos
Où le noir est couleur
Joana Vasconcelos nous incite à une complicité avec ses œuvres, vers la conscience d’une identité collective qui concerne plus particulièrement le statut de la femme, la différence des classes sociales et l’identité nationale.
Pour cette exposition, seront exposées des œuvres emblématiques de Joana Vasconcelos qui permettront de mieux appréhender son regard formel et conceptuel.
Cœur Indépendant Rouge, 2008
Cette œuvre met en évidence deux symboles de la tradition portugaise, le fado et le Cœur de Viana. La sculpture est réalisée à partir de couverts en plastique et qui, retravaillés en fines volutes délicates donnent naissance à un coeur original prenant son inspiration dans une tradition locale portugaise – le cœur de Viana-, petit pendentif en argent fabriqué à la main et porté par les femmes de Viana do Castelo .
L’œuvre tourne lentement sur elle-même, accompagnée d’une musique de fado. La couleur rouge symbolise ici , la passion, un des thèmes chers à ce chant profond.
Dans cette œuvre, on voit toute l’originalité formelle de Joana Vasconcelos qui transcende l’ustensile banal vers une signification symbolique et poétique.
Euphrosyne, Thalie, Aglaia, 2008
Ces trois sculptures féminines sont en ciment et fabriquées au Portugal. Leurs formes rappellent les sculptures en marbre ou en bronze qui ornaient les châteaux . Ce sont des figures féminines, gracieuses, sensuelles de femmes déjà « objet ». Joana Vasconcelos va leur donner une autre vie en les peignant souvent de couleurs vives, certaines à la limite du « bon goût », les rendant pop comme l’avait fait Warhol avec la Vénus de Botticelli. Mais chez Joana Vasconcelos, il y a aussi la volonté d’opposer les statuts de la féminité.
Elle choisit d’emprisonner tout le corps avec des broderies anciennes faites par les femmes issues des milieux ruraux. La sculpture redevient objet populaire, ironie de l’image de la femme libre et sensuelle mais rattrapée par son rôle traditionnel.
www. Fatimashop, 2002
Lors d’une dernière visite à Paris en 2005 où elle a exposé au Passage du Désir, Joana Vasconcelos avait acheté un stylo-Tour Eiffel. « Vous avez la Tour Eiffel, nous, Fatima, ces icônes nationales symboliques qui n’ont plus aucune signification culturelle, sauf leur consommation ». Avec la camionnette qu’elle conduit, remplie de sculptures de Fatima, Sainte très populaire au Portugal, Joana Vasconcelos montre la symbolique de cette idée qui n’est plus religieuse mais seulement un ciment populaire et mercantile.
Victoria, 2008 et Big Booby, 2007
Avec ses grandes sculptures molles en tricot et tissus multicolores, Joana Vasconcelos veut marquer l’omniprésence de la tradition populaire qui dépasse largement les frontières du Portugal pour celles de la vieille Europe. Ces tricots envahissants comme l’est la culture matriarcale au Portugal et dans tous les pays du bassin méditérranéen et de culture latine, sont devenues des sculptures, des œuvres d’art. Joana Vasconcelos impose ce statut face à l’artisanat traditionnel féminin très présent et qui n’entre jamais dans la catégorie des Beaux-Arts, domaine traditionnellement réservé aux hommes.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Céline Piettre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Joana Vasconcelos. Où le noir est couleur