Communiqué de presse
Sylvain Dubuisson
Ôte-toi de mon soleil
Diogène est une fiction, une utopie, qui répond à la nécessité réelle et actuelle de devoir vivre dans des espaces aux dimensions réduites. Cette question est l’une des préoccupations des programmes de recherche du Via. De l’extérieur, cette coquille enveloppée d’une peau translucide suggère certes l’image du tonneau mais également le décor d’un théâtre. On pénètre directement au premier niveau par des passerelles de bateau, le niveau inférieur consacré au repos étant accessible par une trappe intégrée dans le plancher du premier étage.
L’organisation minutieuse de l’aménagement intérieur de Diogène doit être appréciée dans un contexte d’espace de vie minimal et par delà la valeur esthétique. Dès lors tout en répondant aux normes en matière de sécurité, d’hygiène, de préservation de l’environnement…, Sylvain Dubuisson propose une vision alternative des modes de vie qui précisément transgressent les cadres normatifs. Ainsi, la chambre, ou plutôt le lit, qui occupe le deuxième niveau (accessible par un escalier inséré dans une colonne), se métamorphose, s’agrandit et se referme comme une coquille permettant à chacun de s’adosser : le lit devient alors espace de réception.Quelque soit le contexte spatial, tout est donc utilisable dans une fonctionnalité équivoque, « tout est ensemble sans que l’un gêne l’autre »… Structure et mobilier se confondent.
Diogène permet également d’expérimenter des positions de détente au sol, la courbe basse du cylindre induisant de recourir à des accessoires de confort à la fois souples pour supporter les déformations et rigides pour tenir la posture corporelle dans sa nonchalance. Diogène constitue ainsi, en tant qu’espace expérimental, un véritable cabinet de curiosités.
Sur les 300 mètres carrés d’exposition du Via, d’autres pièces seront mises en valeur sur fond de dessins d’une grande éloquence qui, pour Sylvain Dubuisson, sont « un langage… mais aussi sectorisent la représentation, la codifient… »
Parmi ces pièces, figurent des pièces historiques comme La Table composite (1987), à base de fibre de carbone, un miracle d’apesanteur, ou comme la chaise L’Aube et le temps qu’elle dure (1987) qui bouscule le schéma classique des pieds porteurs. Parmi les pièces les plus récentes, citons la table Douce amère (2003) dont le nom est gravé au centre du plateau, lequel repose sur des pieds ronds contenant des fioles de plantes légendaires comme la mandragore, la cigüe, la belladone et l’amanite tuemouche. Quant au bureau MDW, qui date de 2004, dont le mince plateau en aluminium repose en quatre points sur une structure à caissons en voûte surbaissée, il synthétise l’ensemble des recherches formelles et technologiques menées par Sylvain Dubuisson depuis 1987.
critique
Ôte-toi de mon soleil