L’exposition « L’instinct de la matière » au Musée Zadkine, à Paris, revient sur le rôle primordial de la matière dans l’œuvre du sculpteur Ossip Zadkine.
L’instinct de la matière est au centre de la sculpture d’Ossip Zadkine
À l’occasion du 130e anniversaire d’Ossip Zadkine, le musée parisien qui lui est dédié lui rend hommage en mettant à l’honneur l’élément central de sa pratique sculpturale : la matière. L’exposition « L’instinct de la matière » a pour ambition de révéler le rapport particulier que l’artiste entretenait avec la matière, un rapport organique et intime.
Le parcours et sa scénographie originale permettent de redécouvrir le travail d’Ossip Zadkine sous un nouveau jour, notamment grâce à une présentation de ses réalisations enrichie par l’introduction d’œuvres sur papier qui permettent de retrouver le mode d’exposition que l’artiste avait choisi de son vivant. Une façon de dépasser la vision d’une œuvre habituellement réduite à la seule sculpture.
A travers trois parties intitulées « Matière source », « Richesse plastique » et « L’Atelier intérieur », on suit le dialogue singulier mené par Ossip Zadkine avec différents matériaux qui voyait en eux des « puissances formelles », des éléments qui sont toujours au fondement de l’œuvre et qui sont porteurs d’une vocation formelle. Les formes sont pour le sculpteur russes induites par la matière qui les porte en gestation, par les veines et nœuds du bois, les particules et la densité de la roche ou encore la fluidité de l’encre ou de la peinture.
Sculptures et dessins d’Ossip Zadkine sont liés par le même principe créateur
La première partie de l’exposition rassemble des œuvres majeures réalisées par Ossip Zadkine entre 1910 et 1925 comme les sculptures en marbre Maternité et Léda, celles en pierre Tête héroïque et Tête aux yeux de plomb et celles en bois Le Prophète, Les Vendanges et Porteuse d’eau, mises en regard de dessins à la plume des années 1913-14 et de gouaches sur papier des années 1920. Sculptures comme dessins participent du même principe créateur de « la forme dans la forme » et de l’emboîtement qui est récurrent dans l’œuvre d’Ossip Zadkine.
C’est la matière transformée qui est abordée dans la deuxième partie de l’exposition, à travers des pièces comme Tête de femme, Fauve et le plâtre de L’Oiseau d’or. Les techniques d’incrustation, d’assemblage et d’incorporation utilisées par Ossip Zadkine témoignent du potentiel métamorphique de la matière ainsi que du lien étroit que le sculpteur entretenait avec les arts décoratifs. Enfin, avec « L’Atelier intérieur », on découvre les figures centrales de l’univers d’Ossip Zadkine comme les femmes, l’oiseau et les personnages mythologiques, ainsi que son expérimentation physique de la pratique du sculpteur et la représentation de celui-ci dans ses autoportraits.