Communiqué de presse
Stéphane Calais
Ornements, crimes et délices
« Ornements, crimes et délices », titre de l’exposition de Stéphane Calais à l’Espace Claude Berri, poursuit une série de « sculptures-collages » du même nom. L’artiste s’approprie pour un temps l’Espace avec une production inédite où ses interventions hétérogènes dialoguent avec l’architecture du lieu.
Dès la façade en verre, l’artiste intervient avec des aplats de couleurs, allusion au motif du costume d’Arlequin, dissimulant l’Espace comme pour ménager l’effet de l’exposition.
Tout au long de l’exposition, Stéphane Calais dévoile plusieurs pièces issues de son univers, en multipliant les styles, avec une aisance à circuler du dessin à la sculpture, de la sérigraphie aux dessins muraux, de l’installation à la peinture.
Dans cette apparente hétérogénéité, les oeuvres s’imbriquent et évoquent un ensemble tel un puzzle. Cet artiste insoumis travaille en série, non pour se définir des contraintes strictes, mais pour indiquer les sources de son travail et tracer la voie d’une oeuvre en perpétuelle évolution. Ainsi Stéphane Calais présente une série de « sculptures-collages ».
Ces pièces composites sont souvent réalisées avec des macramés, des ballons, des plumes et matériaux en tout genre. Qualifiés parfois de « syncrétiques » par l’artiste, ces objets apparaissent dans son oeuvre dès 1995 avec l’Or de la défaite, puis en 1997 avec Le mariage de la carpe et du lapin. Ils concentrent des temporalités et des emplacements culturels divers.
Mais son premier langage reste le dessin, que l’artiste met en exergue avec un mur de sérigraphies sur papier intitulé La Pléiade. Ces 80 tirages uniques ont été réalisés à partir de 8 portraits dessinés au lavis, puis vectorisés, superposés et combinés. L’effet diffère jusqu’à une quasi-illisibilité pour certains, selon les différents niveaux de gris, la manière de disposer les dessins et le nombre de portraits utilisés. Cette pièce met en avant une problématique chère à l’artiste « la confusion des temps, lieux et fabrication » dans une dimension picturale et graphique.
Stéphane Calais parle du dessin comme “un merveilleux outil, une source d’appréhension du monde en deux ou trois dimensions”. Dans certaines de ses oeuvres comme Magnolia, le dessin génère la sculpture. Ces formes organiques en dégradé de gris, comme tracées dans l’Espace, déploient une énergie et donnent un impression de mobilité.
Dans ces interventions in situ, l’artiste habille le lieu, mettant en avant une technique de recouvrement, de saturation de la matière, présente dans les aplats de noir monochrome “impur”, les sérigraphies, mais aussi dans les suspensions, les motifs colorés et les tondi. Les tondi, oeuvres récurrentes de l’artiste, illustrent parfaitement cet équilibre entre force spontanée du geste et technique.
De cette « véritable gestuelle de la glisse » jaillit un processus de réalisation à partir duquel selon Lili Raynaud Dewar, les tondi s’élaborent en trois temps : « D’abord diffuser un fond coloré et dégradé, la lumière doucement précieuse du tableau, typique du Grand Siècle et revue au travers du prisme de la culture pantone. Ensuite, poser le mouvement et centrer l’objet du tableau, asseoir les figures « mi-gustonniennes, mi-ectoplasmiques, nichées entre basse figuration et incarnation gestuelle. Enfin, souligner certaines formes, travailler le contour en glissant sur la surface du tableau ».
L’ornement est donc, ici, à entendre comme objet, mais aussi comme masquage, leurre ou fard. Les crimes et délices sont eux intimement liés à l’histoire du décor. « Stéphane Calais met ainsi en place un espace génétiquement modifié où réel et imaginaire sont consubstantiellement associés », cette citation illustre parfaitement le propos de l’exposition.
Vernissage
Samedi 24 janvier 2009. 11h-19h.
critique
Stéphane Calais. Ornements, Crimes et Délices