Créée dans le cadre de Concordan(s)e 2018, comme toutes les pièces du festival, Vous ne comprenez rien à la Lune mobilise un.e chorégraphe et un.e écrivain.e. Mêlant texte et danse, Orin Camus (Cie Yma) et Alice Zeniter livrent un duo autour de la Lune. Ou plutôt dans la Lune : en se plongeant dans l’expérience des quelques douze êtres humains à avoir jamais posé le pied sur la Lune. Et ce, en cinquante ans (20 juillet 1969). Qu’y ont-ils vécu ? À son retour Neil Amstrong est reparti vivre dans sa ferme familiale, refusant les interviews. Buzz Aldrin a continué de naviguer, mais entre alcoolisme, dépression et internements. Edgar Mitchell et James Irwin sont quant à eux restés perchés. L’un à la recherche de l’Arche de Noé ; l’autre dans les dossiers classés du gouvernement américain, à propos des extraterrestres de Roswell. Alors, qu’ont-ils vécu sur la Lune ?
Vous ne comprenez rien à la Lune d’Orin Camus et Alice Zaniter : 50 ans de fantasmes
Fallait-il être un peu fou pour y aller ? Ont-ils fait une expérience impossible à transcrire ? De celles qui isolent à force de ne pouvoir être partagées ? Par la danse et le texte, Orin Camus et Alice Zeniter plongent dans l’énigme. Saynètes mobilisant la langue et le corps, Vous ne comprenez rien à la Lune explore l’entrainement et le confinement qui préludent à cet étrange voyage. Sur une scène dépouillée, plongée dans une lumière bleutée puis blanche, les deux interprètes auscultent le rêve. Comme une nappe de brouillard, le son électronique enveloppe la scène d’une texture hors-sol. Bientôt aérée par le chant nocturne de quelques batraciens enamourés. Introspectifs, interrogatifs, les récits se succèdent. De questions en réponses, telle une enquête, le fantasme prend des formes concrètes. Un univers modelé par la répétition, l’ascèse, l’exercice, la discipline et le doute.
Un duo chorégraphique et textuel sobre pour une expérience insaisissable
Les corps roulent, se portent… Quid de la complicité ? Il y a forcément quelque chose d’un peu unique dans ce qui relie les quelques-uns à avoir fabriqué l’aventure humaine. Auscultant l’inconnu, Vous ne comprenez rien à la Lune oscille entre mélancolie et camaraderie. Donnant ainsi une autre texture à ce qui n’existe souvent que sous forme de films héroïques, voire patriotiques. Sans paillettes ni drapeaux, en marge du clinquant, Vous ne comprenez rien à la Lune joue la carte de la sobriété. Pour mieux souligner le décalage. Entre le calme des astronautes d’une part, et l’hystérie des années 1960 d’autre part — décennie polarisée par la Guerre Froide. Ou entre la concentration des explorateurs solitaires et le déluge des interviews. De quoi ravir, en somme, tous les êtres un peu lunaires auxquels il est expressément demandé de remettre, au plus vite, les pieds sur terre.
À retrouver en parallèle du Festival d’Avignon 2019, au gré du festival Contre Courant (Festival Off d’Avignon), pour le cinquantenaire du premier pas sur la Lune.