PHOTO

Orienté dessin

Si, à la fin de la saison, un grand nombre de galeries parisiennes choisissent de présenter une exposition collective qui met à l’honneur leurs artistes, certaines cherchent à structurer leurs choix autour d’une thématique particulière ou de rapprochements formels. Cette année, la galerie Anne de Villepoix développe une exposition centrée sur le dessin et rend compte de la diversité des questionnements et des formes qu’il suscite.

Le spectateur est d’abord accueilli par les dessins de revolver de Malachi Farrell. Comme à son habitude, il développe un univers ambigu où la violence est toujours palpable, filigrane d’une société absurde, brutale et motivée par les haines et les guerres. Dans un petit film, il anime ses dessins, le barillet du pistolet se met à tourner et semble s’adresser directement au spectateur, le mettre en danger en lui proposant une petite roulette russe.

A la violence autodestructrice retranscrite par Malachi Farrell s’oppose l’étrange douceur de Cathryn Boch. Les formes évanescentes qui se déploient sur le papier ne sont pas le résultat d’un travail de représentation, d’une projection mentale sur un support, mais de la mise à jour par l’artiste d’une forme préexistante, enfouie. Comme un archéologue, elle exhume une trace par grattage, frottage ou imprégnation.

L’onirisme est également présent dans le réalisme pop des dessins d’Eduardo Sarabia. En s’inspirant de la société de la consommation et du fantasme manufacturé, il représente des hommes endormis chevauchant des boites de fruits. A la fois drôle et érotique.

L’univers de la bande dessinée se retrouve également dans les œuvres de Christoph Draeger, qui l’inscrit sur du papyrus. Culture de masse et éternité se retrouvent soudainement scellées.

La thématique du corps se développe au travers de l’autoportrait de Yan Pei-Ming, qui questionne la difficulté et l’instabilité de la représentation d’un visage. Svajone & Paulius Stanikas propose une installation faite de dessins et de photos qui représente le corps dans la pornographie pour mieux questionner la place de l’académisme dans le champ contemporain.

Parallèlement à cette thématique, la galerie Anne de Villepoix expose dans son Annexe de la rue de Montmorency des œuvres de Maxime Rossi. Il déplace les objets du quotidien en leur insufflant poésie et humour.
Loin d’une esthétique design, le procédé repose sur une certaine précarité, une culture «low-fi» capable d’aboutir à une beauté formelle. En témoigne Glissement, une planche de bois sur laquelle Maxime Rossi a élevé des escargots. Une fois morts, la trace de leur passage reste inscrite sur la surface de la planche. Il dépose ensuite les coquilles des escargots sur les nœuds du bois. Plus de chance est, quant à lui, constitué de deux dés qui lévitent dans un cube d’eau grâce à une solution saline. Comme par magie.

Eduardo Sarabia
Dle, 2005. Gouache et aquarelle sur papier. 30 x 41 cm

Yan Pei-Ming
Tête de profil, 2003. Fusain sur papier. 124 x 161 cm

Aicha Hamu
Gucci, 2008. Dessin mural au henné. 300 x 400 cm

Malachi Farrell
Bullet Terrorist, 2007. Crayon et fil électrique rouge sur panneau de bois. 125 x 85 cm

Christoph Draeger
Croak, 2008. Encre noire sur papyrus. 92 x 65 cm

Maxime Rossi
Peace Pretzel, 2008. Papier mâché, laque acrylique, vernis et sel. 43 x 43 x 5 cm.