Cathryn Boch, Christoph Draeger, Malachi Farrell, Yona Friedman, Aicha Hamu, Yan Pei-Ming, Stéphane Penchréac’h, Eduardo Sarabia, Svajone & Paulius Stanikas
Orienté dessin
La galerie Anne de Villepoix a le plaisir de présenter « Orienté dessin », une exposition collective faisant se rencontrer des artistes issus de différentes générations et de divers horizons. Les oeuvres rassemblées attestent chacune à leur manière de la singularité des pratiques et de la pertinence des questions liés au médium du dessin aujourd’hui.
Cathryn Boch suggère que le dessin, loin d’être la projection d’une image sur un support, serait plutôt l’exhumation progressive d’une trace ou d’une empreinte dans la matière du papier à l’aide de multiples opérations: grattage, ponçage, frottage, incision ou tracé, couture, imprégnation ?
À l’aide de dispositifs techniques simples et ingénieux, Malachi Farrell explore les potentialités et les effets liées à l’idée d’un dessin interactif, évoluant et réagissant directement à la présence du spectateur.
Puisant à de multiples sources iconographiques et utilisant toutes les ressources plastiques du noir et du blanc, de l’ombre et de la lumière, Stéphane Penchréac’h, ne cesse d’interroger le statut, l’origine et la finalité de l’acte et du fait pictural.
Reprenant les thèmes qui lui sont chers, stéréotypes culturels et simulacres d’objets manufacturés, Eduardo Sarabia présente un ensemble de dessins colorés marqués par l’humour et l’onirisme: des hommes endormis sur des caisses de fruits ou de légumes nous font partager leurs rêves de fortune ou d’érotisme.
Au travers d’une installation mêlant mots, photographies et dessins, S. & P. Stanikas nous invitent à mettre en perspective, de manière sensible, le rôle et la place de l’académisme au sein des pratiques contemporaines.
Un portrait peut-il autre chose qu’un autoportrait ? Yan Pei-Ming témoigne que le dessin, à l’instar de la peinture, est une forme de combat héroïque, de lutte avec soi-même et avec la possibilité ou l’impossibilité de représenter un visage, le sien comme celui d’autrui.
Aicha Hamu revisite et réinvente la notion de wall-drawing. Produisant une sorte de court-circuit culturel, elle fait fusionner une matière emblématique du féminin dans le monde arabe ? le henné ? et des images publicitaires symptomatiques de la représentation de la femme dans le monde occidental.
Christoph Draeger propose une série d’oeuvres graphiques au statut ambigu: des images issues des codes de la bande dessinée sont tracées sur un support inattendu et immémorial: le papyrus.
Enfin, Yona Friedman, utilisant toutes les ressources du dessin animé ou fixe, poursuit sa quête inlassable et utopique d’un alphabet graphique universel.
L’annexe, nouvel espace de la galerie Anne de Villepoix inauguré au mois de mai dernier, accueille une exposition de Maxime Rossi: “Jokes, pretzel, petits-gris et coups de dés“.
Suspendues à des clous, des feuilles de papier couvertes d’un côté d’écriture (des histoires drôles), de l’autre d’encre fluorescente, flottent dans l’espace en projetant un halo de sens et de couleur.
Tel un bijou ou un objet précieux, un pretzel en forme de signe de la paix, est déposé dans les plis chatoyants d’un papier-miroir. Après avoir maculé des panneaux de bois, réalisant ainsi une imperceptible peinture expressionniste abstraite, des escargots tentent de se fondre dans la texture de la matière.
Un cube de verre transparent évoquant le travail de Larry Bell est rempli d’une solution saline dans laquelle flottent en suspension des dés tournant indéfiniment sur eux-mêmes.
La vitrine, espace d’exposition donnant directement sur la rue, a été conçue pour accueillir des propositions de commissaires indépendants ou d’artistes sous forme de “cartes blanches“.
Ce troisième espace d’exposition de la Galerie Anne de Villepoix sera inauguré ce mois-ci avec une proposition d’Alexandra Fau: Katarina Zdjelar.
Katarina Zdjelar appréhende l’histoire et les bouleversements de mai 68 dans sa toute dernière vidéo intitulée « Révolution » (son titre reprend le titre mythique des Beatles écrit en 1968).
Un chœur de chanteurs amateurs en âge d’avoir vécu ces évènements en reprend les paroles. Mais le principe du karaoké, l’individualisation de la mise en scène, les mots répétés mollement et sans conviction trahissent la perte d’un héritage, la fin d’un monde baigné d’illusions auquel les membres du groupe des Beatles ne croyaient déjà plus au moment de l’enregistrement de la chanson.
Dans ses vidéos, Katarina Zdjelar dénonce l’amnésie des peuples face à l’histoire, qu’elle soit pleine de possibles ou au contraire marquée par le poids de la dictature.
critique
Orienté dessin