Initialement présentée en 2014, lors de la Biennale de la danse à Lyon, Opus 14 est une pièce de hip-hop pour seize danseurs et danseuses. Le nombre des interprètes donne d’emblée une certaine idée de l’ampleur d’une pièce aux allures de ballet constitué, et exprime peut-être le souhait de Kader Attou de former et diriger une troupe permanente. Mais Opus 14 rappelle aussi que la danse hip-hop se révèle être un objet de recherche exigeante.
Opus 14 : la fin du récit
Même si Opus 14 semble à certains égards prolonger des créations telles Prière pour un fou, Corps étrangers ou The Roots, cette pièce paraît d’abord plus abstraite puisqu’elle ne se fonde pas sur un récit. Le récit laissé de côté, Kader Attou peut envisager de nouvelles perspectives chorégraphiques et déclarer, précisant son intention : « En danse hip hop, la singularité du danseur est première. Elle est une quête perpétuelle et en même temps un signe d’appartenance, de reconnaissance de ses pairs. Cette notion d’individualité dans le groupe, dans la masse, nourrit de longue date ma démarche chorégraphique. » Opus 14 peut alors être considéré comme la tentative de radicaliser, en quelque sorte, ces mêmes notions d’individualité et de masse, et d’en cerner davantage les rapports réciproques.
Opus 14
Opus 14, selon la volonté de Kader Attou, se veut « une traversée collective où se mêlent intimement un hip-hop poétique, fragile, sensuel et un hip-hop de la virtuosité. » Vocation du hip-hop, la virtuosité ne manque pas de pouvoir s’exprimer. Chaque danseur trouve à affirmer sa particularité au regard des autres, et peut faire apprécier sa maîtrise technique. Mais l’expression individuelle est complétée par des unissons et des ensembles, qui sont autant de transpositions des règles de composition du ballet. Les danseurs forment alors un corps, témoignage de la rencontre de l’individu et du groupe.