Communiqué de presse
Nathan Hylden
Once I Get Started
L’exposition personnelle de l’artiste de Los Angeles Nathan Hylden inaugure le nouvel espace d’Art: Concept. «Once I Get Started» (Une fois commencé) s’inscrit dans la lignée de «Again And As If To Begin, Just Something Else, Starting To An End, Still Now Again, and Done And». Intitulant ainsi ses expositions, l’artiste souligne l’aspect volontairement antithétique d’une pratique picturale basée sur l’autoréférentialité, une investigation sur les termes de la finalité de la peinture et l’expérience temporelle. La production des oeuvres, bien que pouvant être espacée dans le temps ou apparemment différée, est régie par cet effet de boucle, de feedback puis de rétroaction.
L’oeuvre de Nathan Hylden résulte donc d’un processus qui génère souvent sa propre logique de production. Les outils de la peinture sont toujours exposés ou le cas échéant, les traces de leur utilisation demeurent visibles. L’artiste considère le processus de fabrication et le résultat final comme une entité indissociable. Cette pratique artistique est autant centrée sur le médium de l’exposition (c’est-à -dire la façon d’investir l’espace) que sur une conception élargie du médium de la peinture.
L’exposition présente une nouvelle série qui consiste en des couches alternées de peinture métallique, de peinture aérosol blanche et d’une image sérigraphiée. Lors de l’application de la peinture en spray, les oeuvres se retrouvent empilées les unes sur les autres afin de permettre à chaque peinture de se retrouver impliquée dans la production de la suivante.
Par ce processus, chaque oeuvre porte la marque indexique mais discrète d’une autre oeuvre de la même série. A chaque fois, l’ordre des opérations se retrouve chamboulé, et donc la «base» des peintures est variable. Plutôt que de travailler sur des toiles tendues sur châssis comme pour ses précédentes peintures géométriques abstraites, Hylden poursuit ici ses explorations sur plaques d’aluminium. La toile, qui renvoie à une approche artisanale de la peinture, n’est cependant pas absente de cette nouvelle série. Elle persiste par le biais de la représentation ou plus exactement par la façon dont l’image est produite.
L’exposition «Once I Get Started» traite de l’image et de la façon dont elle se manifeste dans sa matérialité. Ce questionnement permet à l’approche d’Hylden de devenir exponentielle, dans un rapport d’expansion qui ne cesse de se replier sur lui-même. Toujours à partir de la même photographie d’une toile vierge, devenue matrice de ses oeuvres sur aluminium, l’artiste a réalisé plusieurs oeuvres, dont les surfaces se couvrent progressivement de larges bandes de peinture appliquée en spray ou au pinceau.
D’une oeuvre à l’autre, la disposition de ces motifs géométriques abstraits évolue suivant une logique d’empilement et d’enveloppement. Dans certains cas, cette technique d’application de la peinture en all-over semble parasiter autant que révéler l’image préalablement sérigraphiée, tandis que dans d’autres cas l’image imprimée épouse les contours de la peinture et semble par là inverser ou bousculer les effets qui traditionnellement constituent la cause de la peinture.
Lorsqu’il choisit la représentation d’une toile vierge, Hylden invoque le potentiel imaginatif et référentiel que cet objet suggère. Comme Gilles Deleuze le souligne dans La Logique de la Sensation, la toile vierge ne l’est absolument pas, elle est en réalité pleine de toutes les peintures qui ont déjà été peintes. L’intérêt d’Hylden est donc de s’immerger dans cette double condition: de se déplacer sans cesse autour de cette toile vierge qui demeure à la fois vide et pleine. En développant les idées exprimées dans ses précédentes expositions, dans «Once I get Started», Nathan Hylden poursuit le questionnement sur le format et sur les normes régissant une peinture qui englobe ses propres modalités.
Vernissage
Samedi 20 mars 2010. 18h-21h.
critique
Once I Get Started