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On stage. La dimension scénique de l’image vidéo

Les pratiques artistiques les plus contemporaines en matière d’installation vidéo sont au cœur du dernier ouvrage de Mathilde Roman. L’auteur convoque le théâtre et les arts de la scène comme nouvelle grille de lecture de l’art vidéo, de sa scénographie et de son travail sur la redéfinition même du statut de spectateur.

Information

Présentation
Mathilde Roman
On stage. La dimension scénique de l’image vidéo

En 1961 Hélio Oiticica, artiste brésilien, affirme «l’ère de la fin du tableau (…) définitivement inaugurée» grâce à sa sortie du cadre car «la peinture devait sortir du tableau, se compléter dans l’espace, non pas en apparence, superficiellement, mais dans son intégrité profonde». Il réalise alors des installations où la toile peinte fait partie d’un tout, envahit l’espace, se détache de la cloison, déborde du lieu qui lui a été assigné pendant des siècles. Sa démarche, loin d’être isolée, est symptomatique du mouvement qui agite la peinture, l’amenant ailleurs, la bousculant dans ses codes. Plus généralement, les années 1960 sont une période marquée par le besoin de s’échapper des territoires habituels de l’art, symboliquement et littéralement, de partir en quête de nouveaux outils, de nouveaux espaces, de mettre en cause les frontières.

C’est à ce moment-là que se font les débuts de l’utilisation de la vidéo par des artistes, dans une approche revendiquant le débordement des lieux, et en particulier ceux de la télévision ou du cinéma. Nombreuses sont ainsi les expériences de détournement et de réappropriation des formes existantes, mais d’autres lieux de l’image animée s’inventent aussi. Très vite la vidéo, pour reprendre la formule d’Hélio Oiticica, «se complète dans l’espace», déborde du moniteur. Les artistes prennent alors en charge la question de la réception en investissant l’espace et la temporalité de l’exposition. Nam June Paik, Peter Campus, Dan Graham et bien d’autres vont mettre en tension notre relation à l’image en mouvement en l’intégrant à des recherches sculpturales, en la pensant pour des espaces spécifiques, en jouant avec le hors-champ, démembrant l’écran, ouvrant le cadre, multipliant les temporalités. Ils vont ainsi œuvrer à la fin d’un certain régime de l’image en inscrivant dans son «intégrité profonde» la nécessité d’affronter l’espace.

SOMMAIRE

Introduction
— Déborder le cadre
— La théâtralité de l’oeuvre plastique
— L’installation vidéo: une proximité avec la scène

Chapitre 1. La scène des images
— Temporalités poreuses
— Mouvance des regards, flottement des corps
— Fuite et poursuite entre les écrans

Chapitre 2. «Habiter le décor» (Jordi Colomer)
— Quand la vidéo se frotte au modèle théâtral
— La perte du personnage
— «Habiter le décor»

Chapitre 3. Des théâtres de projection
— Exposer l’image vidéo
— Scénographier l’exposition vidéo
— Projection des regards: enjeux perceptifs et psychologiques

Conclusion
On Stage: de l’espace d’exposition à l’espace mental