Communiqué de presse
Jocelyn Cottencin, Bertrand Pincemin
On Leaves
La galerie Dma poursuit sa réflexion sur le rapport designer-artisan-artiste avec Jocelyn Cottencin et Bertrand Pincemin. Si l’on se réfère par exemple à la thèse de Platon sur la peinture et l’artisanat dans La République, ce qui opposerait a priori l’artiste et le designer, c’est que l’un, produirait une image et l’autre une chose. Mais dans quelle mesure l’artiste ne produit-il pas une chose ? Dans quelle mesure le designer ne nous fournit-il pas une image ? Les artistes et les designers ne travaillent pas uniquement la matière mais aussi le mouvement et l’énergie…
Les coussins en forme de lettres de Jocelyn Cottencin sont des choses et en même temps des signes. Mais ces signes n’apparaissent qu’en tant que signifiants vides, sans aucun sens. Ces signifiants purs voilent tout signifiés possibles pour imposer leur forme, avec une force telle que l’on peut s’asseoir dessus.
Quant à la tapisserie-poster de Jocelyn Cottencin, elle est la feuille qui offre un faux réel. C’est un signe qui dénote seulement et reste à peu près vide de sens parce que totalement univoque. Il signifie un décloisonnement fictif vers un paysage. Ici la photographie est plus une fenêtre qu’autre chose. La feuille de papier y est aussi mince qu’une paroi de verre.
La multiplication des miroirs de Bertrand Pincemin, comme celle des horloges pour le temps, transforme les murs en instruments réflexifs. En un sens le miroir est le contrôle de l’espace réel, alors que le poster était l’évasion de cet espace. La multiplication des miroirs, si elle ouvre l’espace, l’enferme dans le regard. L’inquiétante étrangeté du miroir s’impose alors par le fait que nous sommes et ne sommes pas son reflet.
Les formes modulaires de Bertrand Pincemin renvoient à une unité originelle. Chaque essence se déploie pour donner lieu à une infinité d’aspects. Le modulable élève à la puissance cette variété. En dépit de son origine fonctionnelle, il tend vers le chaos, l’éclatement, comme ces rallonges ou ces tiroirs qui s’effeuillent de leur support et manquent de vous broyer le pied. Reste le cube, qui est un tas de feuilles sagement disposées mais qui ont de quoi inquiéter. Elles cachent, enferment, créent du vide. En ceci la boite, avec ses feuilles calcifiées, est toujours l’horizon d’une disparition.