Bernard Plossu
On dirait le Sud
Le travail de Bernard Plossu est largement influencé par la contre-culture américaine et l’esthétique de la Nouvelle Vague.
Le photographe se destinait, au milieu des années 1950, à devenir cinéaste. En tant que cinéphile averti et passionné, il fréquente la Cinémathèque où il voit les classiques de Dreyer, Bergman, Buñuel, Eisenstein, Bresson et bien sûr Truffaut, Godard ou encore Jessua. Il s’intéresse également au Néoréalisme italien et au western.
Il apprend l’image à travers le cinéma. Mais c’est en tant que photographe — atypique et inclassable — que Bernard Plossu trace son parcours en solitaire, en marge du reportage, de la photographie plasticienne et des autres modes.
Pour ce cinéaste de l’instant donné, photographe du mouvement, la photographie est le moyen d’arrimer la pensée à une connaissance personnelle et physique du monde. Sa photographie est faite de rencontres fortuites, de stratégies furtives et rapides des sentiments.
Bernard Plossu suit sa propre voie, construit sa propre grammaire photographique, fidèle à ses premières amours, refusant l’anecdote du vécu et le totalitarisme des inventaires. La photographie est devenue l’index de quelque chose de proche et d’ouvert à la fois, d’intime et d’impersonnel.
Les photographies présentées dans l’exposition «On dirait le Sud» sont saisies à travers les vitres d’un train, au gré de voyages en Italie, dans le sud de la France, en Espagne ou encore au Portugal.
Ces images révèlent des impressions de paysages, des figures en mouvement, des rencontres fugitives, qui témoignent de ce regard constant du photographe sur la douceur de la matière et du mouvement.
Ses vues sont presque toutes en noir et blanc. D’autres, plus rares, sont en couleur. Mais ce sont plus que des photographies couleur, ce sont des tirages Fresson, ces tirages au charbon, connus comme étant les seuls dont les couleurs ne disparaîtront jamais.
La photographie rythme la vie de l’auteur qui capte les atmosphères, les sentiments devant un monde qui défile à l’infini.
«En photographie, on ne capture pas le temps, on l’évoque. Il coule comme du sable fin, sans fin, et les paysages qui changent n’y changent rien.»