Communiqué de presse
Bernard Ollier
Ombres heureuses
Il existe un univers entièrement gris, peuplé de dessins tous différents qui tendent désespérément vers la même ombre fatale, un monde à la fois confortable et terrible où vit silencieusement, depuis plusieurs décennies, Bernard Ollier. C’est une oeuvre à deux versants, plastique et littéraire, que l’artiste secrète plus qu’il ne la construit, avec la patience du ver à soie et l’ironie d’un capitaine qui contemplerait avec un léger sourire le lent naufrage de l’existence. A des textes courts, cocasses et funèbres puisqu’ils content une longue série de morts de peintres, répondent de grands dessins dont la trame complexe fait jouer tous les effets possibles du graphite.
Les dessins semblent parfaitement monochromes si on les regarde à distance, comme la vie qui n’est qu’une suite d’événements insignifiants et aléatoires, ponctuée par un dernier incident tout aussi dérisoire que les précédents. C’est peut-être cette absence de direction qui est perceptible dans les dessins, avec ces traits courts, nerveux et souples à la fois, cet enchevêtrement infernal qui marque l’impossibilité de tracer une ligne, un projet, un choix. L’oeuvre témoigne d’une vie qui s’est confondue avec un processus sans fin, d’un vertige où s’est complu l’artiste pendant des journées entières, et combien de journées : celui de l’ennui et de l’indifférence. Laisser le travail « se faire tout seul », pour atteindre cette jubilation précieuse qu’est la contemplation du néant. Mais c’est paradoxalement un hymne à la vie efficace et réconfortant, une démonstration d’énergie et d’humour qui ressort de cet étrange frémissement dans l’étendue grise.
Au-delà du gris, Bernard Ollier
Cela s’ouvrirait sur une absence lancinante de profondeur, une obscurité des plus grandes. Quelque chose, qui ne se percevrait que les yeux fermés. Abîme à toute illusion, fermant toute perspective à la vision. Un vertige. Non pas une figure qui ferait perdre au regard l’entendement, mais quelque chose qui destituerait totalement la possibilité d’appréhender la vision comme l’anticipation d’un au-devant, assignant au spectateur quelques au-delà . Ce serait comme s’il n’y avait rien. Sauf que justement, il y a ça. Cette chose mentale, construite avec obstination mais en toute indifférence.
Comment se fait cette oeuvre est simple à dire. Sur une surface de papier aussi vaste possible, comme par petits paquets, et le plus régulièrement, des gerbes de traits nerveux et précis sans aucun excès expressif recouvrent toute la surface de leurs ponctuations régulières. Le papier est littéralement recouvert d’un gris homogène et pulsé. D’une grille sans événement à la trame serrée qui, tel un front obstiné n’offre rien à voir. Rien. Seulement le rien à voir. Cette obstination, pour autant qu’elle soit sans but se destine quand on la scrute les yeux ouverts, à ne dire que le temps qu’il a fallu pour la faire. Encore qu’elle apparaisse in-finie, et c’est alors que la main et le corps de celui qui dessine, plus que son oeil, sont condamnés à ce seul temps qui passe. Bernard Ollier se confond ici, avec les traces du crayon, le temps prend la pose et le dessin à l’épaisseur d’une durée.
Activités autour de l’exposition
Visite commentée
Samedi 7 juin à 15h
Nuit des musées
Samedi 17 mai à 19h
Visite commentée
Projection d’un film sur le travail de l’artiste
Jardin des sculptures