Olivier Leroi, autrefois forestier (il vit toujours en forêt dans le Cher), est un artiste poète. En digne héritier du Surréalisme, il conçoit depuis une dizaine d’années des œuvres hétéroclites, objets, installations ou performances, jouant sur les mots comme sur les formes.
En assembleur de rêves, il nous fait voir que «nous n’avions pas vu ce que nous avons vu» (Paul Valéry), révélant au spectateur une autre vérité cachée derrière les apparences. Il sait faire apparaître dans une plume d’oiseau une maison entourée de pins (Habiter dans les Landes), fait tomber la neige en pays dogon (film Première neige au pays dogon, 1999), ou entreprend une Géométrie expliquée aux mésanges (2003) en leur confectionnant des nichoirs percés d’un carré, d’un triangle ou d’un cercle.
Dans un entretien réalisé en 2005, Olivier Leroi revendique le caractère vertical de son travail qu’il qualifie de «forage», par opposition à une conception de la démarche artistique comme voyage, dans l’horizontalité.
L’art est considéré comme «l’émergence d’un autre espace, […] un élargissement, un contrepoint complémentaire du quotidien», ou encore «une augmentation plus qu’une perte de la réalité», à laquelle l’artiste se doit de donner vie.
A l’origine de chaque œuvre d’Olivier Leroi se trouve le dessin. Celui-ci représente pour lui la pensée première, les objets n’étant que «la partie visible de la pensée». La galerie Semiose présente une dizaine des dessins de l’artiste, dans la simplicité desquels se loge une part de cette intuition unique d’où jaillit l’œuvre d’art. Olivier Leroi y procède par des assemblages ou des extensions des formes, dédoublant le sens premier de l’image.
Un dessin sans titre de 2005 montre ainsi une photographie de crâne, renversée sur le côté, qui sert de soubassement à une maisonnette, et où est indiqué l’emplacement du garage ou de l’entrée principale. Dans un autre un lièvre se dissimule entre des motifs concentriques (La Chasse aux maigres, 2004). Une mésange dessinée trouve comme au hasard sa tête dans une photographie collée sur la papier ; dans un autre dessin c’est un poisson qui trouve sa queue (Juste passer / passer juste).
Sur la photographie d’un homme sur une plage, l’artiste dessine un cheval qui vient reposer doucement sa tête sur son épaule. Dans un multiple dont existent trente variantes, Olivier Leroi associe des lettres typographiques (notamment celles du journal Le Monde) pour former le mot «Mondrian», clin d’œil oulipien à l’une des grandes signatures de l’histoire de l’art.
Ponctuant l’exposition, une œuvre en trois dimensions, mi-sculpture, mi-installation, vient concrétiser la pensée de l’artiste. Sans titre (2005), originairement intitulée Le Papa et la Maman, est composée d’une Vierge en plâtre peint en bleu et blanc et d’un Bouddha en terre cuite peinte en rouge, posé sur un socle haut, reliés par un niveau de maçonnerie jaune disposé au sommet de leur tête.
L’œuvre, qui reprend les couleurs primaires du néo-plasticisme, est puissamment plastique et ironiquement métaphysique. Olivier Leroi y mesure littéralement l’équivalence sinon l’égalité des dogmes, et révèle la résonance des formes entre elles, au-delà du sens.
Olivier Leroi
— Sans titre, 2005. Vierge en plâtre peinte, Bouddha en terre cuite rehaussé à la peinture, socle, niveau supporté par leur tête. 1,48 m(h), 1,48 m(L), 40 cm(ép.)
— Passage du méridien de Greenwich ?. Dessin. 60 x 45 cm
— Sans titre, 2005. Dessin et collage. 45 x 60 cm
— Sans titre, 2004. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— Sans titre. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— Un monde parallèle ?. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— La méthode Coué, 2003. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— Sans titre. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— La Chasse aux maigres, 2004. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— Sans titre. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— Juste passer / passer juste. Dessin et collage. 60 x 45 cm
— Mondrian, 2008. Collage. 28 x 21 cm