Des photographies de corps féminins que l’artiste a prélevé sur internet sont ainsi retravaillées par ordinateur, donnant lieu à des compositions colorées où le traitement des masses prime sur le soucis du détail. Jollant qualifie d’ailleurs ces travaux de « sculptures visuelles ». L’image est prise comme une matière première à partir de laquelle il en façonne plusieurs autres par une technique de morphing qui consiste à placer plusieurs calques successifs sur l’image originale. Jollant floutte ainsi progressivement celle-ci jusqu’à en liquéfier totalement la matière.
L’artiste sublime ainsi ces photographies érotiques de basse qualité, les réinterprétant à travers un jeu de textures transparentes et opaques qui s’interpénètrent, animant la surface de vibrations colorées. Les formes creuses ou arrondies évoquent le corps féminin de manière sensuelle et la texture laiteuse des images introduit une dimension tactile, un érotisme latent.
Après avoir conservé chacune des étapes de cette mise en abstraction de l’image, il les monte en une vidéo qui permet au spectateur de parcourir lui-même ce mouvement d’extraction de l’image de départ. Jollant invoque le caractère spirituel de sa démarche par laquelle il poursuit une expérience « d’illumination par la couleur ».
Cette dimension hypnotique de la couleur est recherchée dans nombre des travaux de l’artiste qui réalise également des cercles chromatiques. Ces travaux exclusivement axés sur la recherche de contrastes colorés mettent en place des effets d’optiques donnant un effet de relief étonnant à ces compositions planes.