7 x Rien d’Olivier Dubois, c’est d’abord de l’aluminium. Une débauche de papier d’aluminium. Costume, décors, accessoires : le froissé étincelant de ce métal aussi usuel qu’atypique enveloppe la scène. Produit de consommation vendu en rouleau au rayon ménager ; matière première objet de spéculations boursières ; matériau extrait dans des mines à travers le monde ; métal brillant et malléable, aux saveurs d’argent et de chrome… Presque rien. Et à l’instar de ce papier d’aluminium proliférant, le spectacle de danse contemporaine 7 x Rien se joue des petites et grandes misères, tentations, frustrations. Par la médiation de cet étincelant produit d’emballage, 7 x Rien interroge ainsi les péchés capitaux. Avarice, Envie, Colère, Orgueil, Paresse, Gourmandise et Luxure : sept notions que 7 x Rien déballe, emballe et remballe. Avec humour et luxuriance.
7 x Rien d’Olivier Dubois : des péchés capitaux enrobés d’aluminium
Le chorégraphe et actuel directeur du Ballet du Nord – CCN de Roubaix, Olivier Dubois, livre ici une Å“uvre-synthèse. 7 x Rien mobilise effectivement danse, conte, installation et photographie. Parcours initiatique s’adressant également aux jeunes publics, le spectacle relève le défi de questionner les valeurs religieuses, sans sombrer dans l’ennui. De façon décalée et inattendue, la danse taquine les tentations. Et si en mathématiques la multiplication par zéro aboutit généralement à une quantité nulle, dans le champ de l’art, 7 x Rien crée tout un monde, bien physique. À commencer par un monde brillant, étincelant, mais sans être aveuglant. Il n’y a pas de surplomb dans l’aluminium : il y a la fascination pour le froissé esthétique, la beauté abordable et ambigüe. La sueur des danseurs, la sueur des ouvriers-mineurs, la paresse interdite, le désir frappé d’opprobre… 7 x Rien est d’abord un conte ludique, à défroisser-décrypter, ou non.
Une chorégraphie piquante, entre conte de noël et fête foraine déjantée
Trois interprètes virevoltent sur scène, dans un décor féérique, en papier d’alu. Christine Corday, Sophie Lèbre et Camerone Bida font ainsi naître et disparaître luttes, anges et démons, au gré de trio, duo, solo. Figure tutélaire du haut de ses soixante ans, Christine Corday endosse le rôle de la conteuse. Difficile exercice que d’évoquer la luxure sans rien en dévoiler. Conte de noël ou fête foraine déjanté, il y a mille et une strates dans ce spectacle. Y compris des strates pour les enfants et adolescents. Ce qui inclut, par exemple, une installation dans l’entrée : derrière une vitre, une machine à barbe-à -papa en activité, inaccessible. Gourmandise, désir et frustration : qui reste insensible à l’odeur des nuages de sucre caramélisé ? À la sortie du spectacle, la même installation, mais cette fois ouverte. Alors : à la tentation féroce, cèdera ou cèdera pas ?