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Olivier Bardin : télévisions

Au centre du dispositif artistique : le dialogue et l’échange, à travers l’écran de télévision. Le plateau devient la scène et les images filmées, partie intégrante de l’œuvre dont elles sont la trace. Émissions, talk-shows deviennent lieux de représentation et d’exposition du spectateur.

— Auteurs : Jean-Christophe Royoux, Guadalupe Echevarria, Françoise Valéry, Olivier Bardin, Fabienne Audéoud
— Éditeur : Frac Languedoc-Roussillon, Montpellier
— Année : 2002
— Format : 22 x 19 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 120
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-906215-32-5
— Prix : 20 €

Des écrans-miroirs
par Jean-Christophe Royoux (extrait, p. 9)

On peut dire que l’origine du travail d’Olivier Bardin coï;ncide, il y a un peu plus de 10 ans, en 1991, avec son entrée à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux. Ce qui explique l’inspiration immédiate d’Olivier Bardin dès son entrée à l’école, c’est la singularité frappante du modèle relationnel sur lequel s’organise son fonctionnement. Autrement dit, ce fut la prise de conscience immédiate du jeu de rôle qui s’y déploie entre les différentes personnes qui la fréquentent. Comme dit O.B., « dans les bonnes écoles on ne voit rien, tout se structure par la parole, même si a priori celle-ci n’est pas une fin en soi. Ce qui compte, c’est ce qui se construit dans cet aller-retour entre une parole que l’on nous dit et, qu’en tant qu’étudiant, l’on peut ou doit renvoyer à notre tour. » Il y a une puissance singulière de la parole — et réciproquement aussi du silence — qui organise la complexité relationnelle qui se développe dans ce lieu particulier. L’École des Beaux-Arts est ainsi apparue à Olivier Bardin un excellent laboratoire des relations humaines où les rapports hiérarchiques, principalement constitués sur l’autorité des jugements esthétiques, sont éminemment transformables.

L’horizontalité, la juxtaposition des points de vue est d’ailleurs l’un des gestes récurrents les plus significatifs des propositions d’Olivier Bardin. Plus radicalement que la simple pluralité des points de vue, l’égalité des points de vue — une sorte d’indifférence démocratique — correspond à l’une des certitudes exprimées par son travail. C’est à partir de là que va se déployer, presque en alternance, une double préoccupations de l’artiste tantôt il s’agira d’inventer des modes d’organisation et de canalisation de cette diversité (ce que l’on appellera par la suite des formats); tantôt il s’agira de mettre en scène les conditions de construction de l’autonomie individuelle dans un contexte de confrontation égalitaire des points de vue (ce qui plus tard va être appelé des dispositifs). L’omniprésence de ce qui reviendra dans l’évolution de la démarche d’Olivier sous le nom de plateau, fondement immanent de la plupart de ces dispositifs, jusque dans leur aspect « neutre » et désertique, peut également être considéré comme une représentation de cette égalité, comme une image abstraite de cette agora démocratique toujours implicitement convoquée.

Cultiver sa capacité d’autonomie, « inventer ses propres moyens de survie » comme il le dit lui-même, tel à toujours été le credo principal d’Olivier Bardin. Attitude borderline qui en a irrité plus d’un et fasciné quelques autres, dont, ce n’est sans doute qu’un paradoxe apparent, la très dynamique directrice de l’École, Guadalupe Echevarria. Il n’y a donc pas eu de véritable rupture entre le temps de l’apprentissage et celui de la recherche en solitaire, souvent synonyme du travail artistique. Ou plutôt, celle-ci s’est faite à rebours de ce que l’on entend habituellement par là. Sorti de l’école, la question essentielle pour Olivier était de savoir comment retrouver un contexte aussi favorable pour pouvoir mener plus loin la réflexion.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions du Frac Languedoc-Roussillon)

L’artiste
Olivier Bardin est né à Saint-Étienne. Il vit à Paris. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, il a été pensionnaire de l’Académie de France à Rome, Villa Médicis en 2001, et à la Cité internationale des Arts à Paris de 1999 à 2000.

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