Olivier Babin, Virginie Barré, Stéphane Dafflon, Daniel Dewar & Gregory Gicquel, Olivier Dollinger, Léandro Erlich, Loris Gréaud, Thomas Lélu, Kristina Solomoukha, Fiorenza Menini
Offshore
Confiée à Jean-Max Colard, l’exposition «Offshore» se déroule sur une maquette d’architecture de 20 mètres carrés, plate-forme territoriale vierge de tout aménagement, que plusieurs artistes sont invités à investir simultanément. Jean-Max Colard en a sélectionné une dizaine parmi la jeune scène française : Olivier Babin, Virginie Barré, Stéphane Dafflon, Daniel Dewar & Grégory Gicquel, Olivier Dollinger, Leandro Erlich, Loris Gréaud, Thomas Lélu, Fiorenza Menini, Kristina Solomoukha.
«Au gré de leurs interventions très variées sur ce land art miniaturisé, explique Jean-Max Colard, les architectures urbaines de Kristina Solomoukha côtoient les figurines pop up de Virginie Barré et l’installation vidéo de Fiorenza Menini; un paysage se constitue, volontiers loufoque, étrange, incohérent, contradictoire, dislogique». Quand Loris Gréaud, diffuse une secousse sismique sur la plate-forme héritée du big-bang rejouant la proto-histoire d’un espace en terraformation, Olivier Babin et Daniel Dewar & Gregory Giquel s’en servent comme d’un simple socle pour y poser une sculpture hybride. Tandis que Thomas Lélu en la transformant en table de ping-pong et Leandro Erlich avec son projet de piscine très particulier la métamorphosent en une base de loisirs.
Artistes
Olivier Babin Né en 1975 à Dijon, Olivier Babin vit et travaille à Paris
Qu’il cruise dans Paris au volant d’une Visa Gold, qu’il réalise une série de toiles abstraites à partir des manettes de la console PlayStation, qu’il peigne des On Kawara ou des Mosset à l’envers, «comme vus dans un rétroviseur», qu’il détecte dans un épisode des Simpsons un portrait de l’artiste contemporain, ou qu’il demande à Jonathan Monk de venir l’attendre à l’aéroport, Olivier Babin puise dans le vocabulaire minimal et conceptuel pour opérer un retournement ironique et ludique de l’art sur lui-même. Mais avec une précision formelle qui donne à ses pirouettes désenchantées une forme de point final.
Virginie Barré
Née en 1970, Virginie Barré vit et travaille à Douarnenez.
Peuplé de personnages, de vrais-faux cadavres, d’enfants démoniaques, de doubles dames, de super héros obèses, l’univers figuratif que Virginie Barré déploie dans ses dessins ou installations, se nourrit aux sources diverses du roman policier, de la science-fiction, du cinéma, des bande-dessinées… D’où une constellation de micro-récits volontairement lacunaires, à charge pour le spectateur d’en reconstituer librement la trame narrative. Pour «Offshore» un univers en miniature sera présenté comme un petit décor déployé. Sa facture, empruntée au pop-up (livre animé), fait surgir, dans un éclatement, une image en relief où se mêlent végétation et personnages dissimulés en référence au film de Michelangelo Antonioni de 1966 Blow-up.
Stéphane Dafflon
Né en 1972 à Neyruz, Suisse, Stéphane Dafflon vit et travaille en Suisse.
Dans ses peintures, au mur, au sol, en volumes, le suisse Stéphane Dafflon utilise les moyens de production utilisé dans le design et l’architecture, il met en œuvre une palette graphique dont l’abstraction se refuse à tout discours, à tout message. Pour autant, les effets de cette radicalité retrouvée ne sont pas forcément minimaux, l’immédiateté visuelle, le flirt avec le design, les jeux des formes et de couleurs aboutissant à une pleine saisie de l’espace.
Daniel Dewar & Gregory Gicquel
Nés en 1976 à Forest of Dean, Angleterre & en 1975 à Saint Brieuc, Daniel Dewar & Gregory Gicquel vivent et travaillent respectivement à Nantes & à Paris
Maîtres-d’œuvres d’un univers plastique qui va de la quincaillerie à la scierie où ils découpent à même le bois la forme d’un quad, ce duo basé entre Nantes et Paris est passé en peu de temps des ready-mades artisanaux de baskets, de truelles, de cadres de vélo BMX à des sculptures improbables, à la fois exotiques et high-techs où coquillages et crustacés côtoient les formes cylindrées de pocketmotos. Un hyperréalisme brut.
Olivier Dollinger
Né en 1967 à Strasbourg, Olivier Dollinger vit et travaille à Paris
Dans le projet Norma Jean, Olivier Dollinger organisa à Los Angeles une séance d’hypnose collective : où un hypnotiseur demandait à de jeunes actrices hollywoodiennes de réinvestir et d’habiter émotionnellement l’image de Marylin Monroe. Pour Offshore, il propose au commissaire de l’exposition, Jean-Max Colard, de livrer sous hypnose son idée de l’exposition. Pour produire une ellipse, mais aussi déplacer le discours critique, suspendre la situation d’autorité généralement assignée au curateur, afin d’en sonder les aspirations inconscientes. C’est qu’Olivier Dollinger aime à explorer des états limites, les psychés sous-jacentes d’individus ou de groupes sociaux.
Léandro Erlich
Né à Buenos Aires en Argentine, Léandro Erlich vit et travaille à Buenos Aires et Paris.
Une piscine aux effets trompe-l’œil, qui forme à la surface de la plateforme «offshore» un plan d’eau bleutée aux effets troublants : les installations de Léandro Erlich fonctionnent ainsi comme des pièges faits de faux miroirs, d’inversions et de réflexions, où le spectateur est invité à faire l’étrange expérience de sa présence ou de sa disparition, et à dépasser les jeux optiques pour explorer les profondeurs d’une réalité psychologique troublée.
Loris Gréaud
Né en 1979, Loris Gréaud vit et travaille à Paris. Travaillant volontiers en discussion, en «chaîne» avec des scientifiques, des universitaires, des télépathes, des architectes, Loris Gréaud a gardé de ses premières études de cinéma expérimental le goût… de l’expérimental. Une machine à faire dormir le spectateur, un flacon contenant l’odeur de Mars, une station spatio-balnéaire pour canard : Loris Gréaud développe une œuvre passionnante, en forme de laboratoire, ouverte à tous les échanges disciplinaires, entre science-fiction, rêverie et dystopie.
Thomas Lélu
Né en 1976 à Seclin, Thomas Lélu vit et travaille à Paris.
Avec son Manuel de la Photo ratée (Al Dante, 2002) et ses Récréations (Léo Scheer, 2003), c’est d’abord par le biais du livre, de collages d’images récupérées et de commentaires déplacés que l’artiste Thomas Lélu a donné forme à son humour potache, limite décervelé, à son goût de l’absurde contemporain, à son entreprise de renivellement des formes hautes et basses de la culture. Il publie également à la rentrée 2005 un roman au titre éloquent : Je m’appelle Jeanne Mass.
Fiorenza Menini
Le travail récent de Fiorenza Menini, née en 1972 à Montpellier, semble être passé du flirt avec des approches souvent extrêmes des processus reliant l’humain et l’image (voir la vidéo « Résistance au Rohypnol », ou l’artiste filmait un acteur porno luttant, face camera à une forte prise d’un hypnotique), à une approche plus large, mais tout aussi étonnante : vidéo « Untitled » (long plan séquence de la chute du World Trade Center), séquences tournées pendant le dernier Black Out de New York, et en 2004 poursuite de la tornate géante en Floride. Que ce soit par la performance, la vidéo ou la photographie, l’artiste reste sur une position unique et souvent intransigeante, celle de glisser dans les zones troubles, entre chute, écroulement, rupture, attente ou quête radical, pour rendre visible les zones en creux d’un monde contemporain qui malgré sa multitude d’images s’échappe de notre réalité.
Fiorenza Menini est depuis 2004 à la tête de la Compagnie Internationale, un regroupement de performeurs, danseurs, chorégraphes et artistes, pour la réalisation de projets atypiques qui vont du Body Art Californien à l’activisme asiatique.
Son travail a été montré récemment au New Musem (NY), Chelsea Art Museum (NY), la Kunsthalle Fri-Art (Suisserland), la Fondacion Juan Miro (Barcelona),le Museo Reina Sofia (Madrid), le Centre National de la Photographie (Paris), et à la Galerie Yvon Lambert (Paris), I-20 (New York), FA Project London.
Kristina Solomoukha
Née le 15 novembre 1971 à Kiev, Ukraine, Kristina Solomoukha vit et travaille à Paris.
Dans l’œuvre très urbanistique de Kristina Solomoukha, la ville et l’espace urbain ne forment pas une thématique, plutôt un médium : maquettes, dessins d’échangeurs autoroutiers, pylônes électriques permettent une lecture critique, voire parodique, de notre environnement, et de l’idéologie qui le compose. Dans le même temps son œuvre offre une porte de sortie vers d’autres topographies, propose une autre manière de voir et de concevoir nos paysages de vie.
Commissaire
Jean-Max Colard
Né en 1968, Jean-Max Colard vit et travaille à Paris.
Critique d’art, responsable de la page arts des Inrockuptibles, correspondant français du magazine Artforum, Jean-Max Colard est un observateur et chroniqueur régulier de la scène artistique française. Également maître de conférences en Lettres Modernes à l’Université de Lille 3, il élabore actuellement une réflexion aux frontières de la littérature et des arts plastiques. L’exposition «Offshore», qu’il conçoit comme un micro-récit, se veut précisément un des chapitres de cette réflexion.