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OEuvres récentes

28 Avr - 02 Juin 2012
Vernissage le 28 Avr 2012

L’œuvre de Damien Cabanes est l’œuvre d’un solitaire, irréductible aux échanges convenus. Elle est une œuvre de silence, peut-être celui de la plus grande concentration de l’esprit ou de la plus grande force du rêve. En somme, c’est une œuvre concrète et dense, donnant forme aux secrètes manifestations de la vie.

Damien Cabanes
Œuvres récentes

«Le premier mot qui me vient à l’esprit, en pensant à l’œuvre de Damien Cabanes, est le mot solitude. Solitude de son œuvre, dans son temps, qui, quels que soient les courants ou les modes, s’affirme dans son exigence, sa nécessité. Damien Cabanes n’est pas isolé, il est au cœur de l’actualité internationale de l’art et dialogue avec les artistes de toutes les générations, proches ou éloignés de ses préoccupations. Il n’est pas isolé, il est seul. Son œuvre se fait sans aucune complaisance avec les dominantes esthétiques du moment dont nous serions censés nous accommoder, mais dans la poursuite incessante des territoires picturaux ou sculpturaux, favorables à son sujet, quel qu’il soit. Son art cherche à les constituer pour qu’il paraisse, se déploie, en une présence animée de surprises et d’énigmes. Ce sujet n’est pas facile à définir, disons, pour être le plus synthétique, que c’est «une chose humaine supposée complète» et pour cela «infailliblement défectueuse (infallibly faulty)» (Moby Dick. Herman Melville cité par Peter Szendy in Les Prophéties du Texte, Léviathan, p. 118, Editions de Minuit, 2004).

Le tropisme de Cabanes le tient à l’écart des zones de turbulence et de vacarme. Il sait se tenir à sa place dans une zone de calme relatif qui lui permet d’échapper à la temporalité générale. Comme le dit le philosophe Alain Badiou: «car le courage, c’est toujours celui de ralentir, de ne pas accélérer; ce n’est pas le courage de la vitesse déchaînée, c’est celui du ralentir, de la temporalité étirée. Et par conséquent, aussi le courage d’une certaine indifférence à la nouveauté fallacieuse. Et ce n’est pas si facile que cela, parce que la nouveauté fallacieuse est ce qui nous est proposé immédiatement comme seul enjeu véritable de l’existence; être dans la nouveauté fallacieuse quelle qu’elle soit, depuis le nouveau modèle de voiture, jusqu’à la dernière version de ceci ou de cela.
Le courage n’est plus le courage de la guerre, mais on pourrait presque le dire dans le courage de la paix, si on entend par là être dans la paix du calme, dans celle qui se soustrait de l’agitation fallacieuse, et dans la possibilité de prendre son temps. Dans l’expression prendre son temps, il est question de savoir à qui on le prend; c’est de prendre son temps à la temporalité agitée générale.
En politique comme en esthétique, nous sommes les héritiers de la figure du bouleversement, du chaos, ou de l’émeute, de la révolution, de la violence, de l’antagonisme, mais antérieurement à tout cela, il faut créer son propre lieu».

Depuis plus de trente ans, Damien Cabanes crée ce terrain qui ressemble parfois à certains mais qui n’appartient qu’à lui, depuis plus de trente ans, par un travail obstiné, il expérimente avant tout, dans chaque œuvre, la nature humaine, la nature des choses qui n’existent que dans la manifestation d’une substance instable faite de défaillance, de défection, de déception, depuis plus de trente ans Damien Cabanes nous fait partager sa révolution silencieuse.

L’œuvre de Damien Cabanes nous renvoie au noyau originaire comme à un espace constitué d’additions ou de surgissements. Elle saisit le tressaillement miraculeux des existences.

«Irrégulier», singulier, silencieux, Damien Cabanes donne à son œuvre une plus grande liberté chaque jour. C’est elle qui mène la danse, fuyant les attachements de circonstance. Il dialogue, sans doute, avec l’art allemand, l’art belge ou l’art latino-américain, mais son dialogue est avant tout avec ces œuvres qui, quelle que soit leur origine, sont des entités insécables, irréductibles renvoyant, d’abord, à leur seul principe. Ses peintures, ses sculptures ou installations ont besoin de savoir, au plus authentique, de quoi le réel est fait. «Le besoin de savoir que ça se tient là, tout près, que le monde n’est pas fermé et qu’on peut l’ouvrir un peu, de temps à autre, pour le regarder» (Ce que j’appelle l’oubli, Laurent Mauvignier, p. 61. Les Éditions de Minuit, 2011).»

Extraits du texte Une part de ce qui arrive maintenant écrit par Olivier Kaeppelin à l’occasion de l’exposition de Damien Cabanes au Musée d’art Moderne de Saint-Etienne Métropole du 13septembre au 20 novembre 2011.

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