L’exposition « Å’uvres : 1994 – 2016 » à la galerie Nathalie Obadia offre un panorama de la peinture de Manuel Ocampo. Une Å“uvre subversive qui télescope les références pour mieux remettre en question les certitudes idéologiques, religieuses et politiques.
La peinture de Manuel Ocampo, un univers subversif
Les tableaux de Manuel Ocampo, peints à l’huile sur toile, forment un univers proche du surréalisme qui empruntent à une multitude de champs iconographiques : le catholicisme espagnol, l’imagerie colonialiste, la tradition judéo-chrétienne, les ex-votos mexicains, le néo-dadaïsme, l’art populaire et l’art naïf, la culture underground de Manille, la bande dessinée et les comics, le graffiti ou encore la science-fiction.
Le tableau intitulé Monument To The Emancipated Desires Of A Transgressive Act montre une chauve-souris aux allures de personnage de bande dessinée pour enfants assise sur le globe terrestre qui lui-même repose sur un tas de pièces d’or étalées au sol. Un monticule de ces pièces auquel fait face la chauve-souris est surmonté d’une bouteille en forme de crâne humain dans laquelle est plantée une chandelle. L’animal, les yeux mi-clos, tient dans sa patte une croix gammée. L’ensemble est représenté dans une riche palette de teintes claires et joyeuses.
Manuel Ocampo livre une satire de toutes les formes de pouvoir
D’une atmosphère plus sombre, le tableau Document martien rédigé par un médium sous hypnose mêle peinture à l’huile et collage sur toile. Les motifs, placés au centre d’un fond noir, y revêtent une dimension plus métaphorique, entre symbole féminin, signes évoquant des lettres grecques et éclairs représentant l’électricité.
Le langage élaboré depuis les années 1980 par Manuel Ocampo multiplie et croise les motifs les plus variés dans un style à la fois burlesque, brut et dérangeant. En télescopant des univers radicalement différents, l’artiste philippin brise toutes les catégorisations établies, les dogmes et les interdits. Par l’ironie, le détournement systématique, la parodie subversive, toutes les formes de pouvoir, qu’il soit politique ou religieux, font l’objet d’une satire féroce.