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Å’uvres 1979-1991

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

A travers la diversité des travaux présentés, une constance traverse l’œuvre de Gérard Garouste, c’est celle de la référence littéraire. Parvient-elle à éviter l’écueil de l’illustratif ?

La galerie Durand-Dessert profite du grand nombre d’expositions consacrées à Garouste pour présenter une rétrospective qui enjambe deux décennies et traverse les productions de ce peintre qui ne se laisse enfermer dans aucun médium. Le spectateur est invité à se perdre dans les grands formats, les dessins et les sculptures. A travers la diversité des travaux présentés, une constance traverse l’œuvre du peintre, c’est celle de la référence littéraire.

Célébré partout, fêté à la Fondation Cartier, l’œuvre de Garouste semble appartenir à une autre époque. Elle semble être l’argument capable de s’opposer à la mort déclarée de la peinture, elle est une sorte d’alibi. Par son attachement à un sujet sérieux et estimable, elle peut rassurer le spectateur. A travers ses multiples formes, par sa diversité, elle ne peut que convaincre l’amateur d’art qu’il existe toujours des peintres de talent. Toutefois, pour nous, la référence systématique à la littérature et à l’histoire de l’art — Colomba ou Dante et Cerbère — transforme l’aspect créatif de l’œuvre en un faire valoir purement illustratif. Ces réticences concernent une manière de travailler ainsi qu’une facture qui nous semble datée. Si la qualité du peintre n’est pas à remettre en cause, elle apparaît comme anachronique, comme dépassée. Les toiles présentées sont plus un retour à une peinture faîte à la manière de, que le signe d’une vitalité, d’une nouveauté, d’une interrogation contemporaine. Les images qui nous parviennent nous reflètent plus les figures du Greco, de Chagall ou de Picasso que celles d’artistes d’aujourd’hui.

Pourtant force est de constater que le spectateur à de quoi s’occuper, il peut passer tour à tour à des peintures réalistes aux tons bruns comme Adhara et Colomba (1981), puis poursuivre vers des toiles plus abstraites comme les œuvres de la fin des années quatre-vingt. Ensuite, à l’étage, la confrontation entre les sculptures et les dessins est très intéressante, les formes entre elles se répondent et se complètent. Les passages entre la production des deux décennies permet d’appréhender le foisonnement et les préoccupations récurrentes de l’artiste.

Malgré nos réserves sur l’intérêt et la pertinence de l’œuvre de Garouste aujourd’hui, force est de reconnaître une ébullition permanente, des idées et des projets qui ne démentissent pas un vrai enthousiasme. Pour preuve, le peintre ne se laisse pas enfermer derrière les châssis rigides de l’histoire et ose se déplacer dans le champ de l’installation. Dans Ellipse, à la Fondation Cartier, la tente de toile dressée au centre de la salle propose au public une lecture labyrinthique. L’invitation à pénétrer dans le chapiteau, à lire les phrases, à contempler les peintures, tente d’activer un jeu avec le spectateur. Un jeu de piste démarre, une chasse au trésor se met en place. Pareil à Champollion, le visiteur tente de déchiffrer les marques, les signets annotés à même la toile.

Mais malgré ces efforts, malgré cette vitalité et l’aspect ludique et interactif de l’œuvre, un grain de sable empêche la découverte et l’exploration de cette chapelle. Quelque chose fait écran entre nous et l’œuvre.

Gérard Garouste
Adhara, 1981. Huile sur toile.
Colomba, 1981. Huile sur toile.
Dante et Cerbère, 1981. Huile sur toile.
Manto, 1986. Huile sur toile.
Comédie policière (A qui est le chien), 1978. Huile sur toile.
Death to the Archers, 2001. Huile sur toile.
Nature is a Language, Can’t You Read, 2001. Huile sur toile. 165 x 210 cm.

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