L’exposition « Odyssée » à la galerie Depardieu à Nice présente de nouveaux tableaux et photographies d’Hanne Elf qui prennent leur source dans le mythique texte d’Homère.
Hanne Elf revisite le texte mythique d’Homère
Les nouvelles Å“uvres d’Hanne Elf ont été inspirées à l’artiste allemande par l’épopée grecque antique l’Odyssée. Ce long poème relatant le retour d’Ulysse après la guerre de Troie est considéré comme l’un des textes fondateurs de la civilisation européenne. C’est cet aspect qui a intéressé Hanne Elf. En effet, à travers le passage de l’oral à l’écrit qu’il constitue, l’Odyssée pose un élément constitutif de la culture et forme donc le point de départ des sciences humaines dans l’histoire européenne.
Les peintures d’Hanne Elf se situent à la limite entre figuration et abstraction. Ainsi plusieurs d’entre elles, comme les tableaux Odyssee 7 et Odyssee 16 laissent deviner la proue d’un navire, telle une forme incertaine recouverte de large bandes de couleurs horizontales qui la masquent presque entièrement. Les bateaux et la mer sont suggérés mais jamais précisément représentés : esquissés, déformés, recouverts, ils laissent la porte ouverte à diverses interprétations.
Parmi les interprétations possibles des tableaux d’Hanne Elf prédomine une lecture symbolique qui fait de l’océan et du voyage d’Ulysse la métaphore de la vie en tant comme trajet entre la naissance et la mort ou entre ici et l’au-delà . Ainsi, les Å“uvres d’Hanne Elf renvoient-elles à la figure archétypale d’Ulysse qui est un prototype de l’existence humaine, explorant toutes les possibilités de l’être humain et voyageant jusqu’au delà de l’horizon.
Ulysse, archétype humain et figure de la lutte pour la survie
Les photographies quant à elles s’inscrivent dans une autre lecture de l’Odyssée. Certaines fixent des images de restes de naufrages survenus à notre époque, trouvé sur les plages de la Méditerranée. D’autres œuvres sont des créations sur toile à partir de techniques mixtes utilisant des photographies de bateaux de réfugiés. Ainsi la série Syracuse montre-t-elle, comme encerclée par de violentes vagues de peinture, la silhouette d’un navire qui a coulé au large de la Sicile en 2015, faisant huit cents victimes.
Ces Å“uvres ramènent à l’Odyssée en tant que symbole de l’errance, de la lutte toujours risquée pour la survie, le sauvetage, pour la préservation de l’identité et de la patrie. Une interprétation qui trouve un écho particulier dans l’époque actuelle où les luttes des migrants pour leur survie se répète inlassablement au large des côtes méditerranéennes.